D’autres groupes se retirent de la consultation
Insatisfaction, confusion et scepticisme. Le forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination a du plomb dans l’aile, à un mois du dépôt des rapports. Le Devoir a appris que trois autres organismes partenaires ont décidé de claquer la porte de cette nouvelle consultation récemment recadrée sur le thème de l’emploi et de la francisation, ce qui porte à six (sur 31) le nombre d’organisations démissionnaires. Deux autres envisagent de le faire.
Déjà déçue de la réorientation de la consultation il y a trois semaines, l’antenne saguenéenne du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) a pris la décision de se retirer après avoir reçu cette semaine, à l’instar de tous les organismes partenaires, l’entente à signer avec le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Celle-ci stipule que les travaux réalisés, y compris le rapport définitif, deviendront «la propriété entière et exclusive du ministère », qui aura aussi une licence, non exclusive toutefois, des droits d’auteur.
Le Centre des organismes communautaires (COCo) déplore que ce forum, qu’il juge électoraliste, n’aborde plus de front la question du racisme et se désiste également. Idem pour l’organisme Paroles d’ExcluEs. Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) de même que Diversité artistique Montréal, qui exprime son mécontentement dans une lettre ouverte conjointement avec des partenaires, s’étaient déjà retirés.
Organisme offrant un soutien aux jeunes, À deux mains songe aussi à quitter le navire. « On n’a pas commencé à faire nos consultations et on attendait de voir. Mais on va probablement se retirer », a dit la directrice, Andrea Clarke.
Confusion
À un mois du 15 décembre, date remise des rapports, le site Internet de la consultation n’est pas encore en ligne et la date et le lieu du forum ne sont pas encore connus. Comme plusieurs organismes, Mme Clarke déplore le trop court délai et la confusion entourant la consultation. Elle a demandé maintes fois des éclaircissements sur les modalités du contrat et on ne lui a jamais répondu, sauf pour lui envoyer le nouveau logo du forum. «L’équipe du forum essaie de faire du mieux qu’elle peut, mais avec l’équivalent du sable mouvant sous ses pieds », croit-elle.
Paroles d’ExcluES dit pour sa part avoir passé «d’innombrables heures au téléphone avec le gouvernement, la Commission des droits de la personne et des organismes partenaires» pour essayer de comprendre ce qui se passait et a fini par se retirer, réalisant qu’elle avait consacré trop de temps au «cirque administratif» de la consultation.
Même si elle a décidé de participer au forum, l’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux (ACCESSS) déplore aussi les ratés de l’exercice. «C’est un processus qui était très clair, [le ministère] a reculé et a rendu ça confus pour nous. C’est même confus pour eux», a déclaré le directeur général, Jérôme Di Giovanni.
Optimisme
Si plusieurs organismes contactés par Le Devoir se sont dits sceptiques quant à l’issue du forum, plusieurs se sont toutefois montrés optimistes et satisfaits du recadrage. «Notre proposition portait carrément sur la problématique économique, alors ça nous convenait», a dit Benoît Songa, directeur du Centre R.I.R.E. 2000, qui aide à la réinsertion professionnelle des immigrants. «On va faire de notre mieux avec les délais, mais ce n’est pas la première fois. On est habitués.»
Au cabinet du ministre de l’Immigration, on a assuré que le travail se poursuivra avec les groupes restants et que le forum va bon train. Le ministre David Heurtel a déjà rencontré des intervenants du milieu communautaire et du monde des affaires dans deux régions du Québec. Quant aux rapports produits, les organismes doivent accorder une licence d’utilisation, mais ils pourront faire usage du contenu.