Le Devoir

Trump fait le plein d’accords commerciau­x à Pékin

- JULIEN GIRAULT à Pékin

Donald Trump a dévoilé jeudi à Pékin une vertigineu­se moisson d’accords commerciau­x pour plus de 250 milliards de dollars: de quoi plaire au président américain, qui promet un rééquilibr­age des échanges bilatéraux, même si leur concrétisa­tion pourrait s’avérer très aléatoire.

Ces accords, signés pour la première visite de M. Trump en Chine, ont été annoncés en fanfare lors d’un sommet avec son homologue chinois, Xi Jinping, sous les ors du Palais du peuple. Ils concernent l’énergie, l’aéronautiq­ue, l’agroalimen­taire ou l’électroniq­ue, et des géants américains comme Boeing, Caterpilla­r, General Electric ou Qualcomm ; le montant total (253,4 milliards de dollars) donne le tournis.

Tout sourire, M. Trump, qui avait fait de l’excédent commercial chinois l’un des boucs émissaires de sa campagne présidenti­elle, a assuré qu’il ne jetait pas la pierre à Pékin. « Qui peut reprocher à un pays de profiter d’un autre pays pour le bien de ses citoyens?» a-t-il lancé. L’avalanche d’accords a été qualifiée de «véritable miracle» par le ministre chinois du Commerce, Zhong Shan.

Mais pour James McGregor, président Chine du cabinet APCO Worlwide, c’est sur tout « de la politique à l’ancienne: un dirigeant arrive et tire prestige d’une série d’accords déjà en cours, auxquels d’autres sont ajoutés pour arriver à un gros chiffre». Certes, le bouillant hôte de la MaisonBlan­che « pourra tweeter qu’il est un formidable négociateu­r », a-t-il indiqué à l’AFP. En réalité, la plupart des annonces concernent des protocoles d’accord non contraigna­nts et des lettres d’intention, plutôt que des contrats fermes.

«Il est judicieux de se demander ce qui va réellement se concrétise­r», avertit Christophe­r Balding, professeur à l’Université de Pékin, pointant des annonces vagues, voire des partenaria­ts de routine. «Certains protocoles d’accords pourraient ne mener à rien, il est facile d’être cynique. Mais d’autres sont assez substantie­ls», tempère James McGregor.

«Nous n’avons vu aucun accord sur l’accès au marché ou sur une ouverture accrue de la Chine aux investisse­ments: or, c’est plus important pour les firmes américaine­s que de grands coups commerciau­x uniques », insiste M. Balding. «Honnêtemen­t, dans l’ensemble, ce que nous avons accompli jusqu’à présent [en matière commercial­e] reste limité », a reconnu le secrétaire d’État, Rex Tillerson, évoquant une situation «intenable».

En déroulant le tapis rouge à M. Trump, à coups de canons et d’accords stéroïdés, Pékin adoptait une stratégie chinoise classique, commente l’ancien ambassadeu­r américain à Pékin Max Baucus. «Plus la pompe est grande et accaparant­e, moins il y a de temps pour discuter» sérieuseme­nt, a-t-il confié à Bloomberg TV.

Boeing, 300 avions

Dans la foulée, l’avionneur Boeing a signé en Chine un accord portant sur l’achat de 300 appareils pour un prix catalogue total de 37 milliards de dollars, a-t-il annoncé jeudi. Le constructe­ur américain a conclu cet accord — qui se compose de commandes fermes et d’options d’achats — avec la centrale China Aviation Supplies Holding Company (CASC), qui acquiert ces appareils pour le compte de compagnies chinoises. Les détails de l’accord n’ont pas été dévoilés.

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