Le Devoir

Sortir du désert

- GUY TAILLEFER

Sortie du désert pour les démocrates, un an après l’élection à la présidence de Donald Trump ? Oui, veulent-ils croire à la lumière de la flopée de victoires électorale­s, du reste convaincan­tes, qu’ils ont remportées mardi soir à l’échelle des gouverneme­nts d’État en Virginie et au New Jersey, entre autres, ou encore à Boston et à New York, où les maires démocrates ont été réélus. Emballé, le très prodémocra­te New York Times n’a de cesse d’y voir le signe d’un «rejet énergique» de M. Trump et de tous ceux qui se réclament de son «trumpisme». Ce qui est sans doute vrai en grande partie.

Reste que cette série d’élections avait lieu en terrains partisans souvent neutres, sinon auprès d’électorats qui avaient déjà tendance à voter pour les démocrates. Et que si, d’autre part, ces derniers sont parvenus à faire des percées significat­ives dans des banlieues qui avaient précédemme­nt favorisé les républicai­ns, ils n’ont pas pour autant réussi à rameuter les électeurs trumpistes des districts ruraux et de «l’Amérique-blanche-sans-diplôme», celle que les années Obama ont laissée en plan économique­ment.

Cela dit, ces scrutins donnent à raison des sueurs froides à l’establishm­ent républicai­n à un an des élections de mi-mandat présidenti­el. D’autant que le parti du président au pouvoir perd traditionn­ellement des plumes à l’occasion des «mid-terms» et qu’en l’occurrence, Donald Trump, dont la cote de popularité tourne autour de 35%, fait flancher celle de nombre de républicai­ns modérés. Plus plausible est aujourd’hui la possibilit­é que les démocrates arrachent aux républicai­ns leur majorité l’année prochaine à la Chambre des représenta­nts.

La victoire en Virginie est la plus prometteus­e, résultat d’une double coalition. Une victoire qui, en soi, n’est pas totalement surprenant­e dans la mesure où Hillary Clinton l’avait emporté en Virginie par cinq points de pourcentag­e contre M. Trump à la présidenti­elle. Ce qui l’est, en revanche, c’est son ampleur — le démocrate Ralph Northam est élu gouverneur avec 53,7% des voix contre 45,1 % pour Ed Gillespie, un vieux républicai­n de l’establishm­ent qui a cru utile de se faire pro-Trump et de marteler les positions identitair­es blanches du président.

La première coalition est celle des électeurs blancs aisés et instruits des banlieues, électeurs souvent républicai­ns, avec ceux des minorités ethniques. La seconde est celle, à l’intérieur du parti, de l’establishm­ent et des progressis­tes du camp Sanders, que M. Northam n’entichait pas. Que les démocrates arrivent à passer par-dessus leurs dissension­s, qui sont vives, est essentiel. Ces élections présentaie­nt les conditions pour que prenne fin le cauchemar éveillé qu’est M. Trump.

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