Julie Boulianne chante Rossini à Montréal
La Cenerentola prend l’affiche ce samedi à l’Opéra de Montréal pour quatre représentations
L’opéra de Rossini Cendrillon (La Cenerentola), qui prend l’affiche samedi à l’Opéra de Montréal, sera l’occasion d’entendre au Québec dans le rôle-titre un fleuron du chant québécois qui triomphe à Londres, à Paris, à Glyndebourne ou à Berlin, la mezzosoprano Julie Boulianne.
Rossini est l’un des terrains de prédilection de Julie Boulianne, qui avait décrit son rayon d’activité, en mars dernier au Devoir, comme évoluant «dans un créneau des romantiques français, de Rossini et de Mozart (les rôles d’Elvira dans Don Giovanni et de Sesto dans La clémence de Titus )». Elle pensait d’ailleurs y être «bien installée pour quelque temps encore ».
Il est vrai que pour les chanteuses qui maîtrisent l’idiome vocal rossinien, à l’image, par exemple, de Joyce DiDonato, la chanteuse la plus en vue dans le monde sur ce terrain, un répertoire exceptionnel s’ouvre avec ce qu’on a appelé «la révolution rossinienne», une renaissance de ce répertoire qui s’est faite notamment autour des voix de mezzo-sopranos comme celles de Marylin Horne, Teresa Berganza ou Lucia Valentini-Terrani.
En marge de l’ouvrage phare qu’est Le barbier de Séville, La Cenerentola est — avec L’Italienne à Alger et, dans une moindre mesure, les délirants Voyage à Reims et Comte Ory, qui, eux, avaient complètement disparu — l’opéra qui a bénéficié au premier chef du renouveau stylistique de ce répertoire aussi en raison d’un afflux de chanteuses: Frederica von Stade, Agnès Baltsa, Vesselina Kasarova, Cecilia Bartoli, Jennifer Larmore et Elina Garanca venant s’ajouter aux noms précités.
Un conte épicé
Le conte de Cendrillon est bien connu: une jeune fille souffre-douleur d’une cruelle belle-mère et de ses demisoeurs réussit à aller à un grand bal où elle séduit le prince par sa beauté et sa pureté de coeur. Chez Rossini, le livret de Jacopo Feretti introduit, en lieu et place de la mégère, un beau-père ridicule nommé Don Magnifico, obsédé par son rang social et qui rêve du prince charmant pour ses deux filles oisives. Le personnage de Don Magnifico est capital, car il permet au musicien de rééquilibrer le spectre des voix. Plutôt que d’avoir quatre protagonistes féminins au foyer, Rossini introduit ainsi l’un des profils vocaux qui l’intéressent le plus: celui de la basse bouffe.
Ce n’est pas non plus une fée qui vient à la rescousse de Cendrillon, mais Alidoro, le précepteur du prince. La question de la critique sociale ouvre dans La Cenerentola la porte à de très nombreuses situations comiques. Les filles de Don Magnifico laisseront ainsi échapper le prince puisqu’il sera déguisé en valet et se jetteront sur le valet, déguisé en prince, alors que le vrai prince Ramiro, lui, ne manquera pas Cendrillon, car il verra la pureté de son coeur.
Mise en scène fameuse
Achevé en un peu plus de trois semaines en 1816 par un Rossini en verve, La Cenerentola est un feu roulant de musique qui sera servi à Montréal dans une production qui a fait beaucoup de chemin depuis dix ans. Habillée des décors et costumes hauts en couleur de Joan Guillén, éclairés par Albert Faura, elle est mise en scène par l’Espagnol Joan Font, assisté par le chorégraphe Xevi Dorca. Produite en 2007 pour l’Opéra de Houston, cette Cenerentola a voyagé ici à Toronto, Seattle, Washington, Chicago et Los Angeles, et en Europe à Cardiff, Genève, Bruxelles et Barcelone. C’est au Liceu de Barcelone qu’elle a été filmée, avec Juan Diego Florez et Joyce DiDonato, pour un DVD paru chez Decca.
À Montréal, Julie Boulianne sera entourée des basses Pietro Spagnoli dans le rôle du ridicule Don Magnifico et de Vito Priante dans celui de Dandini, le valet du prince Ramiro. C’est un ténor américain, Juan José de Léon, qui chantera le rôle du prince. Lauren Margison et Rose Naggar-Tremblay, deux membres de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, interprètent les belles-soeurs de Cendrillon, Clorinda et Tisbe. Jose Miguel Pérez-Sierra dirigera l’Orchestre Métropolitain et le Choeur de l’Opéra de Montréal. LA CENERENTOLA Opéra en deux actes de Gioachino Rossini. À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts les 11, 14, 16 et 18 novembre 2017 à 19 h 30. Billets : 514-842-2112.