Chianti Classico ou Brunello di Montalcino ?
Elles sont toutes proches et pourtant elles offrent des perspectives différentes : êtes-vous plus chianti que brunello ?
Et si je vous apprenais que le cépage sangiovese n’était que le croisement entre le ciliegiolo et du calabrese di montenuovo? Vous pourriez croiser le fer et en débattre dans tous les cocktails mondains à venir, mais voilà, on ne badine pas avec l’ampélographie. Et puis, quand l’on est le cépage le plus planté en Italie, des Marches à l’Ombrie en passant par l’Émilie-Romagne et bien sûr la Toscane, il y a de très fortes chances que vous en avez déjà fait votre affaire sur les pastas al pomodoro, où l’acidité naturelle du premier ne fait qu’une bouchée de la vitalité palpable et croquante de la seconde. Bref, sangiovese et sauce tomate s’entendent comme deux larrons en foire; sans faire de mauvais coups toutefois.
Les Amis du vin du Devoir passaient aux verres mais sans l’assiette cette semaine, avec une fois de plus ce savant mélange de fun assumé et de plaisir décontracté. L’idée derrière l’astuce consistant à tâter du clone de sangiovese (piccolo, grosso et autres) du côté de la Toscane et de ses deux incontournables appellations que sont Chianti Classico et Brunello di Montalcino.
Les huit vins dégustés à l’aveugle, dont quatre essentiellement vinifiés en monocépage (la règle en appellation Brunello), n’ont pas réussi à tracer cette ligne claire entre les vins au nord de Sienne (chiantis) et ceux au sud (brunellos), une ligne qui, vu les écarts importants de prix, aurait dû apparaître plus nette. Pour faire court, des rouges plus élégants, plus éclatants du côté de Chianti, plus puissants, plus capiteux et densément tanniques, surtout au sud de la colline de Montalcino. Quelques mots sur chacun d’eux, avant que vous passiez vous-même… à table cette fois!
Riserva Ducale 2013, Chianti
Classico, Ruffino (24,40$ – 045195). Le millésime un rien étriqué dessine ici un rouge déjà évolué, un rien fatigué, doté d’une trace végétale qui enlève au charme. Un classique
tout de même, à ne pas confondre avec le Chianti Rufina, l’une des six autres zones actuelles du chianti. (5) ★★1/2. Moyenne du groupe: ★★1/2. Poggerino Chianti Classico
2014 (25,95$ – 878777). Estce l’approche en agriculture biodynamique qui confère ici une incroyable pureté au fruité? Toujours est-il que ce rouge moyennement corsé, quoique discret, ouvre sur une bouche finement étoffée, nourricière, vivante et gracieuse. On se palpe de bonheur. (5 +)
©. Moyenne du groupe:
Brunello di Montalcino Il Poggione 2012 (59,75 $ – 12897901). Le cahier des charges de l’appellation impose 48 mois de retenue, avant commercialisation, pour une
période sous bois moins longue depuis plus d’une décennie. Le 2012 est donc le dernier millésime à nous parvenir, millésime modeste, sans la sève des grandes années. Il
n’y a qu’à déguster le Castelgiocondo 2012 de la maison
Frescobaldi (48,35 $ – 10875185 – (5) ★★★1/2) pour vous enticher de la trame aromatique persuasive et de la jolie délicatesse de texture de l’ensemble. Cet Il Poggione propose quant à lui plus de richesse et plus d’étoffe, bien que la finale, capiteuse, s’assèche un rien sous l’impact des tannins. Ici, 50% du groupe penchait du côté chianti. (5 +) ©. Moyenne du groupe : Falco di Neri Chianti Classico Riserva 2011 (25,10 $ – 10844434). Le fruité de cerise
peine à s’extirper de la montée en puissance de l’élevage, qui trace à son tour des nuances de boisé épicé, sur fond un rien herbacé. L’ensemble a du corps, de la mâche, une finale moyenne un rien rustique. (5) ★★1/2 ©. Moyenne du groupe: Fontodi Chianti Classico
2014 (32,75$ – 879841). Ce magnifique bio a une fois de plus dévoilé ses armoiries, suggérant une noblesse confirmée au fil des millésimes et des décennies. C’est cette texture suave, presque veloutée, qui a d’abord interpellé les 20 participants avant de les laisser bouche bée devant l’envolée florale et fruitée parfaitement maîtrisée sous la sève fine de l’ensemble. Bref, en tous points magistral! Quelle classe! Plusieurs penchaient
pour un brunello ici. (10 +) ©. Moyenne du groupe : Corte Pavone 2009, Loacker,
Brunello di Montalcino (62$ – 494930). Grosse, très grosse pointure dans ce millésime qui a accouché de vins riches en couleur, en tanins et en fruits, millésime structurant une bouche large, costaude, à défaut peut-être de vivacité et d’élégance. Un bio tout de même complexe, mais qui tombe un peu court sur la finale. (10 +) ★★★1/2 ©. Moyenne du groupe :
Casanova di Neri Tenuta Nuova 2011, Brunello di Montalcino (90 $ – 12833721). Si la trame aromatique demeure discrète, c’est en bouche que ce géant affiche ses prétentions au trône des meilleurs brunellos. Par cet impact aussi redoutable que stylisé des tanins qui, une fois bien à l’aise en bouche, et sous l’effet d’un diabolique crescendo, dessinent une main de velours glissée dans un gant de fer. Une affirmation aussi racée que distinguée du terroir pour une exécution sans faille, le tout dans un millésime qui n’a pas dit son dernier mot. Grand vin, simplement. (10 +)
©. Moyenne du groupe : ★★★1/2 – Col D’Orcia 2011, Brunello di Montalcino (52,50$ – 403642).
Tout au sud de l’appellation, on sent chez ce cru beaucoup de matière à boire. Sols plus compacts et argileux? Toujours est-il que les tanins évoquent ici ceux d’un Petrus qui, bien que consistants, n’ont pas la finesse de feuilleté de ce dernier. Arômes de moka et de cuir sur une bouche solide, fraîche et pour vue d’une finale légèrement saline. Fera l’affaire sur un calzone. (10 +)
©. Moyenne du groupe: