Le gouvernement et ses ingénieurs devant les tribunaux
Une décision pourrait bientôt être rendue dans la cause qui oppose le gouvernement à ses 1400 ingénieurs.
Les deux parties étaient devant le Tribunal administratif du travail (TAT) vendredi, où la juge Myriam Bédard entendait la demande du gouvernement pour que l’inspection de 39 structures, ponts, ponceaux, viaducs, échangeurs et bretelles d’accès constitue un service essentiel.
Les membres de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ), qui sont sans convention collective depuis 2015, font la grève des heures supplémentaires depuis la mi-septembre. Ils refusent notamment de travailler hors des heures de bureau.
Les inspections doivent être faites de nuit avant le 1er décembre, car si elles se font le jour, elles causeront d’importants bouchons de circulation, a prévenu le gouvernement, qui essaie de réduire l’effet des moyens de pression des ingénieurs.
Les intervenants ont d’abord tenté d’arriver à une entente à l’amiable pendant près d’une heure vendredi, avant que ne débute la séance publique.
À défaut d’être parvenues à une entente, les parties ont convenu que 14 des 39 structures seraient inspectées comme prévu. Les 25 structures restantes, qui se situent à Montréal et dans ChaudièreAppalaches, font toujours l’objet d’un litige.
Il ne subsiste d’ailleurs plus de litige pour les structures de la capitale nationale.
L’avocat du gouvernement, Karl Lefebvre, a fait valoir devant la juge Bédard vendredi que les inspections dites générales sont essentielles à la sécurité des usagers.
L’ancien directeur des structures au ministère des Transports, Daniel Bouchard, a d’ailleurs expliqué que ces inspections servaient à déceler plusieurs défauts: fissures dans les poutres d’acier, fissures dans le béton, potentiel de chutes de fragments, déformations, unités de fondation déplacées, etc.
Elles doivent être réalisées tous les deux à quatre ans, a-til dit, pour qu’elles servent ensuite à guider les travaux de réparation. .
Le ministère sait depuis 2014 que des inspections générales doivent être faites en 2017, a rétorqué l’avocate des ingénieurs, Pascale Racicot. «Et ce n’est que le 31 octobre 2017 que vous vous adressez au tribunal pour que ce soit un service essentiel?»
«Le compte à rebours, vous le connaissiez », a-t-elle ajouté, alors pourquoi ne pas avoir négocié des services essentiels en 2015 ?
«On ne s’attendait pas à ce que la grève soit si longue,a laissé tomber M. Bouchard. On ne pouvait pas prévoir. »
L’APIGQ négocie avec le gouvernement depuis 2014. Elle déplore notamment que le salaire moyen d’un ingénieur de l’État soit de 74 000 $ par année et qu’il plafonne à 82 000 $.