Le Devoir

Uber doit payer ses chauffeurs au salaire minimum à Londres

- PAULINE FROISSART à Londres

Uber doit rémunérer ses chauffeurs au salaire minimum et leur offrir des congés payés, a décidé vendredi en appel le Tribunal du travail de Londres, ville où la compagnie américaine est aussi menacée de perdre sa licence.

L’entreprise américaine, qui affirme compter près de 50 0000 chauffeurs au Royaume-Uni, avait fait appel d’une décision judiciaire d’octobre 2016 disant que les chauffeurs utilisant l’applicatio­n avaient droit au salaire horaire minimum de 7,50 livres et à des congés payés.

Jusqu’à présent, les chauffeurs sont rémunérés à la course, et l’entreprise souligne qu’ils sont des travailleu­rs indépendan­ts, choisissan­t leurs horaires et lieux de travail. «La raison principale pour laquelle les chauffeurs utilisent Uber est parce qu’ils apprécient la liberté de choisir si, quand et où ils conduisent, et donc nous avons l’intention de faire un recours», a déclaré dans un communiqué Tom Elvidge, directeur général d’Uber au Royaume-Uni. La compagnie a 14 jours pour déposer ce recours.

«Nous continuero­ns à gagner. J’ai confiance, nous sommes du bon côté de la loi», a déclaré l’un des deux plaignants, Yaseen Aslam, qui s’est lancé dans cette bataille juridique en 2014. «Uber ne peut continuer à faire fi de la loi britanniqu­e en toute impunité et à priver les gens de leurs droits au salaire minimum »,a commenté l’autre plaignant, James Farrar, dans un communiqué.

«La loi est claire»

Les deux chauffeurs sont soutenus par le syndicat des travailleu­rs indépendan­ts de GrandeBret­agne. Le secrétaire général du syndicat, Jason Moyer-Lee, a estimé dans un communiqué que « la victoire d’aujourd’hui est une preuve supplément­aire, s’il en fallait encore une, que la loi est claire et que ces entreprise­s choisissen­t simplement de priver les travailleu­rs de leurs droits. Ces entreprise­s se moquent du droit du travail ».

«Il s’agit d’une décision historique dans un contexte de marché du travail en évolution», a aussi dit Rachel Mathieson, avocate des deux plaignants. «Nos clients se sont battus sans relâche pour obtenir des droits qui auraient dû leur être accordés dès le départ, a déclaré Paul Jennings, membre du même cabinet d’avocats, Bates Wells Braithwait­e. Nous nous attendons maintenant à ce que des dizaines de milliers de chauffeurs cherchent à faire valoir leurs droits.»

Sans surprise, Uber a contesté la décision des juges. «Le tribunal s’appuie sur l’affirmatio­n que les conducteur­s sont tenus de prendre 80% des courses qui leur sont envoyées lorsqu’ils sont connectés à l’applicatio­n. Comme le savent tous les chauffeurs qui utilisent Uber, ça n’a jamais été le cas au Royaume-Uni, a expliqué le directeur général d’Uber. L’année passée, nous avons apporté un certain nombre de modificati­ons à notre applicatio­n pour donner encore plus de contrôle aux chauffeurs. Nous avons également investi dans des choses comme l’accès à une assurance maladie et nous continuero­ns à apporter des améliorati­ons.»

Selon l’entreprise, l’année dernière, les chauffeurs utilisant l’applicatio­n Uber au Royaume-Uni ont touché en moyenne, après les frais de service, 15livres l’heure.

À Londres, où Uber affirme compter 40 000 chauffeurs et 3,5 millions de clients, l’entreprise est aussi menacée de perdre sa licence. En effet, en septembre, l’Autorité des transports londoniens (TFL) a décidé de ne pas la renouveler. Pour justifier sa décision, TFL a mis en avant le laxisme d’Uber dans la dénonciati­on des crimes et des failles dans les contrôles des casiers judiciaire­s et des certificat­s médicaux de ses conducteur­s. L’autorité a également déploré l’utilisatio­n d’un logiciel permettant aux chauffeurs d’éviter de se faire repérer dans les zones où ils n’ont pas le droit d’exercer.

Uber a fait appel de cette interdicti­on.

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DANIEL LEAL-OLIVAS AGENCE FRANCE-PRESSE Jusqu’à présent, les chauffeurs sont rémunérés à la course, et l’entreprise souligne qu’ils sont des travailleu­rs indépendan­ts, choisissan­t leurs horaires et lieux de travail.

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