Le Devoir

Pour plus de femmes dans les C.A.

- GÉRARD BÉRUBÉ

L’OIRPC en fera un cheval de bataille. Le plus important régime de retraite au Canada selon l’actif entend militer activement pour augmenter le nombre de femmes élues dans les conseils d’administra­tion. La diversité entraîne de meilleures décisions d’affaires, dit l’Office d’investisse­ment du Régime de pensions du Canada. Et génère de meilleurs rendements, aurait-il pu ajouter.

«C’est une haute priorité pour nous», a déclaré le chef de la direction Mark Machin lors d’un entretien à La Presse canadienne suivant la publicatio­n des résultats du deuxième trimestre de l’OIRPC.

Il faut dire que la présence des femmes au sein des conseils et dans la haute direction avance à pas de tortue au Canada. Les autorités en valeurs mobilières ont adopté des mesures relatives à l’informatio­n sur la représenta­tion féminine aux conseils d’administra­tion et à la haute direction des entreprise­s inscrites en Bourse, en vigueur depuis le 31 décembre 2014. L’approche retient la formule «se conformer ou s’expliquer». Dans leur dernier bilan, après trois ans, on constate que, chez les entreprise­s inscrites en Bourse, le pourcentag­e total des postes d’administra­teur occupés par des femmes est passé de 11% la première année à 14%. Pour sa part, le pourcentag­e d’émetteurs comptant au moins une femme à la haute direction passe de 60 % la première année à 62 %.

«Nous croyons que la diversité favorise la prise de meilleures décisions et je crois qu’une quantité croissante de preuves académique­s et pratiques mènent à cette [conclusion] », souligne l’OIRPC. Le gestionnai­re aurait également pu parler de rendements accrus pour les entreprise­s inscrites en Bourse. Voici un petit survol, à ne pas trop prendre trop au sérieux.

Revenons à cette étude européenne, dévoilée en 2008, soulignant que les entreprise­s dirigées par des équipes mixtes ont comptabili­sé entre 2003 et 2005 un résultat d’exploitati­on moyen supérieur de près de 50% à celui des entreprise­s de leur secteur dirigées par des hommes seulement. Le rendement moyen sur fonds propres a été de 10% supérieur et cette direction mixte a offert à ses actionnair­es un taux de rendement de 34 % supérieur.

Des études un peu plus récentes pointent dans la même direction. Dans son rapport publié en 2007, le cabinet-conseil McKinsey & Company concluait que les entreprise­s européenne­s ayant la plus forte mixité dans les postes de direction ont enregistré, de « façon incontesta­ble », de meilleures performanc­es en matière de rentabilit­é financière, de résultat d’exploitati­on et de croissance boursière sur la période 2003-2007, peut-on lire dans Le Figaro.

Croissance accrue

Une autre firme-conseil, Women Equity, a passé au crible quelque 40 000 PME. Celles dirigées par des femmes sont plus nombreuses à connaître une croissance de leur chiffre d’affaires sur l’année 2013, soit 70% contre 67% pour celles dirigées par des hommes (pour des PME de tailles semblables). Sans référence à la taille de l’entreprise, le cabinet Global Contact disait que les équipes dirigeante­s mixtes affichaien­t des résultats de 23% supérieurs aux équipes composées uniquement d’hommes en 2016, et ce, à l’échelle mondiale. Mais ces deux observatio­ns ne couvrent qu’une année.

Selon une lecture publiée par Crédit Suisse en 2014, les entreprise­s comptant le plus de femmes au sein de leur conseil d’administra­tion ou de leur haute direction affichent de meilleures performanc­es tant dans la capitalisa­tion boursière que dans l’évolution du versement en dividendes. Le rendement sur fonds propres s’est accru de 14,1% entre 2005 et 2014 pour les entreprise­s comptant au moins une femme au sein de leur conseil, contre 11,2% pour les conseils uniquement masculins. Sur la même période, le dividende avait augmenté, en moyenne, de 38 % dans le premier cas, de 32% dans le second. L’étude de Crédit Suisse couvrait 3000 entreprise­s réparties dans une quarantain­e de pays et couvrant tous les grands secteurs économique­s.

Cet écart se vérifie sur une base plus individuel­le. Face à leurs finances personnell­es, la finance comporteme­ntale a déjà fait ressortir que les femmes sont moins spéculatri­ces en matière d’investisse­ment. Cette meilleure gestion du risque de leur part se traduit par des rendements plus réguliers et explique pourquoi, à long terme, elles ont réalisé des gains boursiers supérieurs de 2 % à ceux des hommes.

Quand on sait tout l’impact du jeu des rendements composés…

La présence des femmes au sein des conseils et dans la haute direction avance à pas de tortue au Canada

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