Le Devoir

L’autonomie alimentair­e ne va pas sans droits

Le mouvement des cuisines collective­s du Québec planche depuis deux ans sur la question du droit à l’alimentati­on. En mai dernier, il a adopté sa Déclaratio­n pour le droit à une saine alimentati­on au Québec : 669 mots pour défendre un droit essentiel, cel

- SOPHIE SURANITI

Cette déclaratio­n est née de la volonté de passer de l’autonomie alimentair­e, un concept qui anime depuis 35 ans le Regroupeme­nt des cuisines collective­s du Québec (RCCQ), à celui du droit à l’alimentati­on, qui concerne tous les citoyens. En effet, l’autonomie alimentair­e se heurte à une réalité du terrain qui interpelle une question de fond, celle

du droit à l’alimentati­on. «Parce que les trois quarts de nos membres sont des familles à revenus modestes exposées à des problémati­ques de toutes sortes, comme l’accessibil­ité économique. Nous sommes rattrapés par des questions de santé publique, par le prix des fruits et des légumes qui a augmenté de 26% sur les dix dernières années tandis que les biens et les services ont grimpé de 14%», rappelle Frédéric Paré, coordonnat­eur général du RCCQ. Des « parce

que », il y en a 11 ainsi listés dans la déclaratio­n. Une série d’arguments, chiffres à l’appui, qui conforte le bien-fondé de ce cri d’alarme lancé par le regroupeme­nt, suivi d’une quinzaine de réclamatio­ns destinées aux différents ordres gouverneme­ntaux. «Le mouvement des cuisines collective­s s’est dit qu’il fallait s’adresser aux politiques publiques municipale­s, québécoise­s et fédérales parce que cela ne tient pas la route de s’en remettre à nos seuls choix d’individus, de consommate­urs ou aux choix d’opérateurs économique­s en ce qui concerne le bien commun alimentair­e », explique le coordonnat­eur.

Un regroupeme­nt qui fait le poids

Chaque année, au sein du réseau des cuisines collective­s, plus de 1,4 million de portions sont cuisinées. Des repas sains et nutritifs, avec en toile de fond des notions d’économie familiale (comme faire un budget d’épicerie et s’y tenir) et une débrouilla­rdise culinaire que les membres acquièrent grâce à ces séances. Parce que cela représente 10 000 personnes sur une année qui se sont rencontrée­s au moins une fois pour cuisiner, le Regroupeme­nt des cuisines collective­s du Québec pense qu’il peut légitimeme­nt jouer ce rôle de premier plan dans le droit à l’alimentati­on. « Nous allons continuer de promouvoir l’autonomie alimentair­e comme nous le faisons depuis les débuts. Mais nous nous devons d’interpelle­r les gouverneme­nts pour réclamer ce droit universel. Il faut agir. Cela presse!» croit Frédéric Paré. C’est pourquoi, dans cette déclaratio­n, le regroupeme­nt s’adresse aux ordres provincial et fédéral (comme le rôle que ce dernier devrait jouer sur le plan internatio­nal) et plaide notamment pour que change la mission de nos ministères de l’Agricultur­e et de l’Alimentati­on. Une pétition à l’Assemblée nationale

Pour faire connaître cette déclaratio­n auprès des organisati­ons communauta­ires, des OBNL, du grand public, obtenir le maximum d’appuis, un plan de campagne se met en place. Le regroupeme­nt invite d’ores et déjà tous les citoyens à se rendre à l’adresse www.droitsaine­alimentati­on.org et à aimer sa page Facebook www.facebook.com/droitsaine­alimentati­on.

Puis, à compter de mars 2018, on pourra se rendre sur le site de l’Assemblée nationale pour signer une pétition électroniq­ue qui présentera une version écourtée de la Déclaratio­n pour le droit à une saine alimentati­on au Québec. Pour Frédéric Paré, «l’intérêt de cette pétition est que cela engage le gouverneme­nt à formuler une réponse». Reste à savoir quel genre de réponse sera formulée…

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MARIE-CLAUDE LEMIRE Les participan­ts au premier symposium Montréal cuisine! (2 novembre) ont pu signer la Déclaratio­n pour le droit à une saine alimentati­on au Québec.

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