Le Devoir

Saisie de l’UPAC

Tony Accurso n’a pas interrogé ses hommes de confiance

- AMÉLI PINEDA

Malgré une perquisiti­on de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) à ses bureaux, l’ex-entreprene­ur en constructi­on Tony Accurso soutient ne jamais avoir demandé plus d’explicatio­ns aux présidents de ses entreprise­s à la suite de la visite des policiers.

«En octobre 2012, l’UPAC perquisiti­onne pendant sept heures dans vos bureaux. Confrontez­vous vos présidents d’entreprise­s, leur demandez-vous “Qu’est-ce que c’est ça?”», a demandé le procureur de la Couronne, Me Richard Rougeau, à l’ancien propriétai­re des firmes Louisbourg et Simard-Beaudry.

«J’ai rencontré Me Rochon [l’avocat de M. Accurso], il m’a fait état des documents qu’ils cherchaien­t et m’a dit que les policiers ont pris ce qu’ils avaient à prendre », a simplement répondu l’accusé de 66 ans.

«Et vos présidents d’entreprise­s ? », a renchéri Me Rougeau. «J’ai dit “Êtes-vous au courant de quelque chose?” et ils ont dit “Non, non, non”», a répondu M. Accurso, ajoutant que «ça s’est terminé là».

Me Rougeau a alors laissé entendre à M. Accurso qu’au lendemain de la perquisiti­on, il avait poursuivi sa vie « comme si de rien n’était». «Il le faut», a confirmé l’entreprene­ur.

Fin du témoignage

M. Accurso a terminé son témoignage lundi à son procès relativeme­nt à sa participat­ion à un système de collusion et de corruption dans l’octroi des contrats publics à Laval. Il a été confronté à la perquisiti­on menée le 11 octobre 2012 dans ses bureaux, la même journée qu’une descente policière à l’hôtel de ville.

L’accusé de 66 ans a toujours juré ne jamais avoir pris part à des malversati­ons. Il a cependant avoué, au tout début de son témoignage, la semaine dernière, avoir entendu parler d’un possible stratagème frauduleux à deux reprises, une première fois en 1997, puis une deuxième « environ» en 2002.

C’est son ami Claude Asselin, qui était à l’époque directeur

« J’ai dit “Êtes-vous au courant de quelque chose ?” et [mes présidents d’entreprise] ont dit “Non, non, non” »

Tony Accurso, ancien propriétai­re des firmes Louisbourg et Simard-Beaudry

général de la Ville de Laval, qui l’a questionné à ce sujet, a-t-il dit.

«Rien n’a attiré votre attention ou votre vigilance pendant toutes ces années ? », s’est étonné Me Rougeau.

«Non» , a d’abord répondu M. Accurso avant de souligner qu’il avait tout de même interrogé ses présidents, Joe Molluso (Louisbourg) et Frank Minicucci (Simard-Beaudry), qui avaient affirmé n’être au courant de rien.

M. Accurso a expliqué vendredi dernier, que c’est seulement après leurs arrestatio­ns, en mai 2013, que Joe Molluso, qui est aussi son cousin, lui a avoué leur participat­ion au stratagème de partage de contrats. M. Molluso travaille toujours pour lui, il est d’ailleurs le conseiller d’affaires de ses enfants.

Relation avec Vaillancou­rt

La Couronne est aussi revenue sur ses liens avec Marc Gendron, un collecteur de fonds de l’ex-maire de Laval, Gilles Vaillancou­rt. Celui-ci a raconté sous serment avoir reçu 200 000$ dans le stationnem­ent de son centre commercial de Laval. Un événement nié par M. Accurso, qui a dit, aussi sous serment, ne jamais avoir remis d’argent à quiconque.

«Lui avez-vous déjà donné un lift ? Une ride ?» a questionné Me Rougeau. Sourire en coin, M. Accurso a répondu par la négative. Quant à sa relation avec l’ex-maire Vaillancou­rt, il l’a qualifiée de «cordiale».

Le procès de M. Accurso se poursuivra jeudi avec les plaidoirie­s de la défense. Celles de la Couronne devraient commencer vendredi.

Les 11 membres du jury pourraient commencer leurs délibérati­ons mardi prochain. M. Accurso fait face à des accusation­s de complot afin de commettre des actes de corruption dans les affaires municipale­s, de complot en vue de commettre des fraudes, de fraude de plus de 5000 $, de corruption de fonctionna­ires et d’abus de confiance.

Un seul procès

Tony Accurso fait partie des 37 personnes arrêtées par l’UPAC relativeme­nt à un système de collusion et de corruption.

Du lot, 27 ont plaidé coupable — dont l’ex-maire Gilles Vaillancou­rt —, 3 sont décédées et 6 autres ont obtenu un arrêt des procédures. M. Accurso sera le seul accusé à subir un procès.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Tony Accurso fait partie des 37 personnes arrêtées par l’UPAC relativeme­nt à un système de collusion et de corruption à Laval.

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