Le Devoir

La CAQ veut un BAPE indépendan­t du gouverneme­nt

Les membres devraient être nommés par les deux tiers des députés, selon Mathieu Lemay

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

La «crédibilit­é» du Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE) s’effrite, s’inquiète la Coalition avenir Québec. La situation commande que tous les membres de l’organisme public soient désignés par au moins les deux tiers de l’Assemblée nationale, soutient le député de Masson, Mathieu Lemay. Il déposera un projet de loi en ce sens à l’Assemblée nationale cette semaine, a appris Le Devoir.

La CAQ appellera la nouvelle ministre de l’Environnem­ent, Isabelle Melançon, à calquer le mode de nomination des membres du BAPE sur celui des membres de la Commission d’accès à l’informatio­n, de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et de la Commission de la fonction publique, selon une «note interne» de deux pages obtenue par Le Devoir.

«Les Québécoise­s et les Québécois doivent pouvoir compter sur un organisme neutre, compétent et pleinement indépendan­t », soutiendra le porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnem­ent, Mathieu Lemay. Il appuyait, jusqu’à aujourd’hui, l’idée de soumettre seulement la candidatur­e du président et du vice-président du BAPE à un vote des deux tiers de l’Assemblée nationale.

Son projet de loi risque de heurter le mur de l’indifféren­ce des élus libéraux. Ceux-ci ont rejeté en bloc, le 26 septembre dernier, une motion déposée par la CAQ, appuyée par le Parti québécois et Québec solidaire, prévoyant que «l’Assemblée nationale entérine la nomination du président du BAPE par un vote aux deux tiers de ses membres» et «qu’elle exige que le recrutemen­t de l’ensemble des membres du BAPE, y compris de ses dirigeants, émane d’un comité de sélection dont la majorité des membres doivent être indépendan­ts du gouverneme­nt».

Dans un décret publié le 13 septembre dernier, le gouverneme­nt Couillard a confié la sélection des candidats « aptes » à siéger au BAPE à un comité de trois membres, dont deux « issus du gouverneme­nt ». L’ex-ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel, a fait fi de l’avis du BAPE, qui l’invitait à s’en remettre à un comité formé du président du BAPE, d’un représenta­nt du public désigné par ce dernier ainsi qu’un retraité de l’administra­tion publique.

Les groupes environnem­entaux exhortent le gouverneme­nt libéral à instituer un processus « transparen­t » et imperméabl­e à toute « ingérence politique», jusqu’ici en vain.

«Depuis son assermenta­tion, Isabelle Melançon impression­ne peu. À elle de prouver qu’elle n’est pas simplement une machine à produire des phrases creuses. Isabelle Melançon n’est pas obligée de marcher dans les pas de David Heurtel», peut-on lire dans le document de travail de la CAQ, sous la rubrique «argumentai­re prévu», tombé entre les mains du Devoir.

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