Le Devoir

Ô Canna… bis

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Les opposants à la légalisati­on du cannabis freinent des quatre fers pour en chambouler l’échéancier, sinon faire dérailler le processus au complet. Ils s’inquiètent d’être mal préparés à ce qui arrivera lorsque la marijuana sera légalisée.

Pourtant, nos grands inquiets, députés, sénateurs et autres, devraient comprendre que le «problème» n’est pas dans l’avenir, mais qu’il est déjà et depuis longtemps parmi nous: la consommati­on est très largement répandue, l’accès est très facile, même pour les jeunes, et les recettes fiscales que les trois ordres de gouverneme­nt espèrent partager ne sont qu’une fraction des sommes qui tombent aujourd’hui dans les poches du crime organisé. Leur postulat de base est que la consommati­on augmentera significat­ivement. Cela s’est-il vérifié dans les quelques endroits qui ont légalisé la marijuana depuis quelques années ?

Sauf erreur, on voit peu de références sérieuses à l’expérience de nos voisins dans le discours des opposants. On a plutôt l’impression d’une piètre connaissan­ce, tant théorique que pratique, du produit et de ses effets. La légalisati­on ne sous-entend pas que le cannabis est (quoique moins nocif que l’alcool pourtant en vente libre à peu près partout) bon; on y recourt parce que la prohibitio­n est carrément mauvaise. Parlez-en, par exemple, à ceux qui se voient refuser l’entrée aux États-Unis pour un «crime» commis il y a plus de trente ans et qui ont obtenu leur pardon — sauf que celui-ci n’est pas reconnu par les Américains.

La légalisati­on permettra un (meilleur) contrôle du produit et de sa distributi­on. Elle facilitera aussi la poursuite d’études scientifiq­ues rigoureuse­s et le monitorage des impacts sur la société et sur les individus: les gouverneme­nts auront alors la possibilit­é, au besoin, de modifier la loi, pour une fois sur la base de données probantes. François Thérien Montréal, le 11 novembre 2017

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