Le Devoir

Monde Les pirates russes ne surveillai­ent pas que les États-Unis

- RAPHAEL SATTER JEFF DONN JUSTIN MYERS à Washington

Donald Trump croit Vladimir Poutine quand celuici lui dit que le Kremlin n’a jamais cherché à interférer avec l’élection présidenti­elle américaine en 2016.

Le président des États-Unis semble ensuite se raviser quand il dit faire confiance aux agences de renseignem­ent de son pays, qui estiment que les preuves de l’ingérence russe sont claires.

Quoi qu’il en soit, les objectifs des pirates russes qui ont mis leur nez dans l’élection présidenti­elle dépassaien­t largement la seule campagne de Hillary Clinton: ils ciblaient aussi les courriels d’officiers ukrainiens, d’opposants russes, de sous-traitants de l’armée américaine et des milliers d’autres personnes qui intéressai­ent le Kremlin, selon des documents inédits obtenus par l’Associated Press.

Ces documents semblent prouver de manière irréfutabl­e les liens étroits qui unissent les pirates russes et le gouverneme­nt de leur pays, exposant au grand jour une opération qui se déroule depuis des années et qui a tenté d’infiltrer les boîtes de courriel de quelque 4700 utilisateu­rs du service Gmail à travers le monde — du représenta­nt du pape à Kiev jusqu’au groupe Pussy Riot à Moscou.

«C’est une liste de souhaits de ceux qu’on voudrait cibler pour faire avancer les intérêts de la Russie », a dit l’expert britanniqu­e Keir Giles, à qui l’Associated Press a demandé d’examiner ces documents.

Il est d’avis que les données constituen­t une « liste maîtresse des gens que la Russie voudrait espionner, gêner, discrédite­r ou faire taire».

Une erreur

Les conclusion­s de l’Associated Press découlent de l’analyse de 19 000 liens malveillan­ts colligés par la firme Securework­s, de dizaines de courriels frauduleux, et d’entrevues avec plus d’une centaine de cibles des pirates.

Securework­s a découvert ces données par hasard quand un groupe de pirates baptisé Fancy Bear a par erreur étalé au grand jour, sur Internet, une partie de ses activités d’hameçonnag­e. La liste révèle un lien direct entre les pirates et les fuites qui ont ébranlé les derniers jours de l’élection présidenti­elle, surtout les courriels personnels de John Podesta, le directeur de la campagne Clinton.

On a appris récemment que George Papadopoul­os, un membre de la campagne Trump, avait été informé l’an dernier que les Russes détenaient des «informatio­ns compromett­antes » au sujet de Mme Clinton, y compris « des milliers de courriels».

La liste obtenue par Securework­s s’étire entre mars 2015 et mars 2016. La plupart des cibles se trouvaient aux ÉtatsUnis, en Ukraine, en Russie, en Syrie et en Géorgie.

Des documents semblent prouver de manière irréfutabl­e les liens étroits qui unissent les pirates russes et le gouverneme­nt de leur pays

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