Le Devoir

Où sont nés vos voisins ?

Parc-Extension, une terre d’accueil aux mille couleurs.

- KARL RETTINO-PARAZELLI

À travers les villes, plusieurs quartiers se distinguen­t par la diversité et l’histoire des gens qui y ont élu domicile. Dans le premier texte de cette série, Le Devoir vous présente la carte postale de Parc-Extension, terre d’accueil de milliers de nouveaux Montréalai­s.

Si on ne devait utiliser qu’une image pour décrire le quartier Parc-Extension, on pourrait bien sûr photograph­ier une scène de la rue Jean-Talon, où cohabitent des boutiques et des restaurant­s qui offrent un tour du monde en accéléré, mais une image aérienne pourrait en dire encore plus long.

Délimitée par le boulevard de l’Acadie au sud, par l’autoroute 40 à l’ouest et par une voie ferrée au nord, cette enclave est l’un de ces endroits de Montréal où beaucoup de gens passent, mais trop peu s’arrêtent. Ce quartier, l’un des plus multiethni­ques, des plus pauvres et des plus densément peuplés de Montréal, est pourtant le fascinant reflet des vagues d’immigratio­n qui ont marqué l’histoire de la ville.

Derrière le comptoir de la boulangeri­e qu’elle gère avec son mari et son fils, Vassiliki Kallianis est par exemple issue de la vague d’immigrants grecs venus s’établir au Québec dans

les années 1960. «Quand on arrive à Montréal, on arrive ici», affirme cette dame au sujet de Parc-Extension, où elle habite depuis l’âge de 19 ans.

«Les affaires allaient bien avant, mais les gens du quartier sont de plus en plus âgés, raconte-t-elle dans un français hésitant. Ils mangent moins et plusieurs jeunes s’en vont. »

Elle retrouve son sourire lorsqu’on lui parle de Montréal. Ce qu’elle aime le plus ici ? « Les personnes, les différente­s cultures», répond-elle sans hésiter.

Vagues successive­s

Depuis son annexion à Montréal en 1910, le quartier Parc-Extension — dont le nom provient de sa situation géographiq­ue, à l’extrémité de l’avenue du Parc — a d’abord été habité par des Canadiens français et des immigrants britanniqu­es. Mis à part les Grecs, des immigrants italiens et d’Europe de l’Est ont notamment laissé leur empreinte au fil des décennies, jusqu’à ce que les années 1980 amènent une nouvelle vague de citoyens, cette fois venus d’Asie du Sud. De nouveaux arrivants de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, mais aussi du Sri Lanka.

C’est le cas de Sarojii, une SriLankais­e qu’on retrouve assise devant sa machine à coudre, au fond de sa boutique parsemée de robes multicolor­es. Elle ne parle pas français, comme plusieurs habitants du quartier, mais elle explique en anglais qu’elle est ravie d’avoir pu rejoindre son mari au Québec il y a huit ans.

Sa nouvelle vie à Montréal n’est pas toujours facile, mais elle ne regrette pas son choix. Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle parle de ses enfants, qui fréquenten­t l’école du coin, mais aussi des personnes qu’elle rencontre chaque jour. «Je suis contente de voir des gens de partout », affirme-t-elle.

Couleur africaine

Depuis quelques années, ce sont les Africains qui font de plus en plus sentir leur présence. On retrouve beaucoup de Ghanéens, mais aussi quelques Rwandais comme Eugène Gumira. Mais à la différence des nombreux immigrants qui atterrisse­nt dans Parc-Extension dès leur arrivée au pays, ce grand gaillard a fait son nid pendant dix ans à Montréal avant de déménager dans le quartier récemment.

Cet homme qui est à la fois un adepte de basketball, un artiste peintre et un photograph­e découvre encore son nouvel environnem­ent. Il a un faible pour ce petit parc, coin Jean-Talon et Bloomfield, ou encore pour les mets indiens qu’il goûte de temps à autre. «Je m’habitue progressiv­ement à connaître leurs noms », glisse-t-il en riant.

Dans un quartier où les mélanges culturels sont courants, il y a aussi des gens comme Cathy, dont les parents sont dominicain­s et cubains. Cette employée d’une boutique de perruques, qui a grandi à Montréal, a passé une bonne partie de sa vie aux États-Unis, pour ensuite revenir dans la métropole.

«Même si je déménage, je reviens toujours dans Parc-Extension. Les couleurs, les gens… On a l’impression d’être dans un autre coin de la planète», dit-elle.

«Je peux partir à New York pour six ou huit mois, mais je reviens toujours à Montréal, lance la jeune femme. J’aime Montréal. C’est là que je me sens à la maison. »

Voir aussi › Où sont nés vos voisins? Découvrez notre carte interactiv­e. ledevoir.com

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Adepte de basketball, artiste peintre et photograph­e, Eugène Gumira est originaire du Rwanda.

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