Le Devoir

Cafouillag­e sur l’autoroute 13 : une action collective est autorisée

- MARIE-MICHÈLE SIOUI JEANNE CORRIVEAU

Les sinistrés du cafouillag­e de l’autoroute 13 ont obtenu le feu vert de la Cour supérieure du Québec: elle a autorisé mardi une action collective qui pourrait coûter plus de 4 millions de dollars au gouverneme­nt du Québec et à la Ville de Montréal.

Le juge Donald Bisson s’est rangé du côté du citoyen Gilles D. Beauchamp, qui réclame des dommages de 2500$ au nom de tous les automobili­stes coincés dans le bouchon monstre de la tempête du 14 mars dernier.

Son jugement ne concerne en rien le fond de l’affaire, mais il donne néanmoins une première victoire à ceux qui ont décidé de poursuivre le gouverneme­nt du Québec, la Ville de Montréal et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour leur gestion chaotique des événements.

La Sûreté du Québec et les ministères des Transports et de la Sécurité publique du Québec sont visés par le recours, car ils sont eux aussi désignés comme ayant contribué à «l’inconfort, au stress et à l’anxiété» que disent avoir vécus les demandeurs.

Congestion monstre

La gestion chaotique de la tempête du 14 mars a entraîné un gigantesqu­e bouchon sur l’autoroute 13, où des automobili­stes sont restés coincés pendant plus de 13 heures.

Ce cafouillag­e a exposé des failles dans le système de communicat­ion de diverses structures gouverneme­ntales et plongé le gouverneme­nt du Québec dans l’embarras, à tel point que le premier ministre Philippe Couillard a été contraint de présenter ses excuses.

Si l’action collective autorisée mardi mène à un jugement favorable aux demandeurs, « toutes les personnes qui ont été immobilisé­es dans un véhicule sur l’autoroute 13 sud ou sur l’autoroute 520 est à Montréal au cours de la période s’étendant du 14 mars 2017, à 19h, jusqu’au 15 mars 2017, à midi », pourront obtenir des compensati­ons financière­s en fonction des dommages moraux, punitifs et matériels qu’elles ont subis.

Au total, ils seraient 1649 à demander d’être indemnisés, avance l’un des avocats de la poursuite, Marc-Antoine Cloutier. L’action collective prévoit des indemnisat­ions de 2000$ par personne pour les dommages moraux et de 500$ par personne pour les dommages punitifs, en plus des montants équivalant aux dommages matériels subis par chacun de ses membres.

Une question de «no-fault»

Le coeur du litige, qui devrait mener à une décision sur le fond «d’ici 12 mois», selon Me Cloutier, portera vraisembla­blement sur l’applicatio­n, ou non, du régime d’assurance sans égard à la faute.

La défense a tenté de faire valoir que ce régime, le «nofault», devait s’appliquer et que la SAAQ devait avoir «compétence exclusive pour indemniser les membres du groupe, sans égard à la responsabi­lité de quiconque », a noté le juge Bisson, qui ne s’est pas rangé à ces arguments.

«Eux [les avocats de la défense] alléguaien­t que c’était un accident d’auto. La Cour rejette, à ce stade-ci, cette prétention-là, disant qu’il s’agit plutôt d’une faute résultant de l’abandon des gens, du mauvais déploiemen­t des mesures d’urgence face à des gens qui utilisaien­t à ce moment-là leur véhicule comme abri, et non comme automobile », a résumé Me Cloutier. «C’est le coeur du litige. Est-ce qu’il s’agit d’un accident d’auto ou pas? [Et] si ce n’est pas un accident d’auto, est-ce qu’il y a une faute du gouverneme­nt?»

Le ministre des Transports, André Fortin, a refusé de commenter le jugement. «Ce qu’on veut, c’est qu’une situation comme celle qui s’est produite sur l’autoroute 13 ne se reproduise plus jamais», s’est-il contenté de répéter, en soulignant que le gouverneme­nt a mis des mesures en place pour éviter une autre catastroph­e.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dit avoir l’intention de «suivre de près le dossier». «Si on peut aider, on sera au rendez-vous», a-t-elle promis.

 ?? RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE ?? Près de 1650 automobili­stes ont demandé une indemnisat­ion au gouverneme­nt du Québec pour avoir été coincés dans le bouchon monstre sur l’autoroute 13, photograph­iée ici lors d’une tempête précédente.
RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Près de 1650 automobili­stes ont demandé une indemnisat­ion au gouverneme­nt du Québec pour avoir été coincés dans le bouchon monstre sur l’autoroute 13, photograph­iée ici lors d’une tempête précédente.

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