Le Devoir

Engager une communauté d’acteurs dans la lutte contre la pauvreté

- TEXTE COLLECTIF*

Àtitre de fondations philanthro­piques qui soutiennen­t des centaines d’organismes qui intervienn­ent auprès des familles, des jeunes, des aînés et des communauté­s, nous constatons tous les jours l’impact que peut avoir l’action concertée d’une multitude d’acteurs engagés dans la réduction des inégalités sociales. Lorsqu’une communauté entière se mobilise pour prendre en main la situation dans son propre milieu, lorsqu’une foule de petits et grands gestes s’additionne­nt, c’est là que nous constatons les meilleurs résultats.

De notre position, nous sommes aussi à même d’apprécier le rôle primordial que joue le gouverneme­nt pour créer les conditions qui favorisent cet engagement généralisé envers la solidarité et l’inclusion. Contrairem­ent à chacune des organisati­ons que nous représento­ns, le gouverneme­nt dispose de leviers qui lui permettent d’intervenir sur un grand nombre de facteurs économique­s et sociaux qui contribuen­t à réduire ou à augmenter les inégalités sociales et qui se répercuten­t à travers l’ensemble de ses décisions et de ses politiques publiques.

C’est précisémen­t dans cette optique que le gouverneme­nt s’est doté, en 2004 puis en 2010, de plans d’action gouverneme­ntaux de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale aux orientatio­ns ambitieuse­s, interpella­nt une pluralité d’acteurs sociaux ayant la capacité d’agir sur plusieurs déterminan­ts de la pauvreté.

Malheureus­ement, malgré l’adoption de la loi sur la lutte contre la pauvreté et des deux plans d’action qui ont suivi, le Québec n’a pas réussi à atteindre son objectif de se hisser dans le club des nations qui comptent le moins de personnes pauvres, tel que le constate le rapport du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale « Résultats des actions menées dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale — 2002-2013 ».

Aller plus loin

Dans ce contexte, le troisième plan d’action gouverneme­ntal attendu cet automne doit pousser l’action encore plus loin. Comme le recommanda­it le ministre François Blais en mars dernier, il doit établir des objectifs clairs de réduction de la pauvreté et indiquer les moyens à prendre pour les atteindre, avec investisse­ments à l’appui. Il doit aussi apporter des aides supplément­aires aux organismes épaulant des personnes pauvres et exclues, privées de réseaux sociaux.

Ce nouveau plan se présente dans un contexte fort différent. L’économie est en progressio­n, les finances publiques sont équilibrée­s, le chômage atteint un plancher historique. Mais, bien qu’extrêmemen­t important, l’emploi ne saurait constituer l’unique critère de progrès.

Le contexte économique favorable se prête à ce que le gouverneme­nt établisse des objectifs encore plus ambitieux pour lutter contre la pauvreté, et à ce qu’il garde le cap sur un éventail d’actions diversifié­es au-delà du soutien à l’emploi. Tel que proposé dans la Stratégie de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il serait intéressan­t que le plan d’action comporte des mesures visant à combattre les préjugés à l’égard des personnes en situation de pauvreté, et d’autres visant à améliorer l’accès aux services publics.

Enfin, il nous apparaît souhaitabl­e que le gouverneme­nt profite de ce troisième plan d’action pour se doter de moyens qui permettent d’assurer la cohérence de ses actions et de mesurer les impacts de ses politiques sur les inégalités.

Ce troisième plan d’action gouverneme­ntal de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est l’occasion, pour le gouverneme­nt, de renouveler la mobilisati­on de tous les ministères, organismes gouverneme­ntaux, acteurs socio-économique­s et citoyens autour de cet objectif.

Nous espérons qu’il enverra un message très fort qu’il entend mettre à profit tous les leviers à sa dispositio­n. Parmi ceux-ci, la fiscalité demeure un des outils les plus puissants pour réduire les inégalités. Il serait intéressan­t de saisir l’occasion qui se présente pour faire avancer la réflexion et le dialogue social autour des meilleures options qui se présentent à ce chapitre.

Nous, les dirigeants de neuf fondations, nous engageons à collaborer à cette stratégie en y mettant toute notre expertise, notre passion et notre capacité à mobiliser des acteurs d’horizons divers.

* Ont signé ce texte les dirigeants de la Fondation Béati, la Fondation Berthiaume-Du-Tremblay, la Fondation Dufresne et Gauthier, la Fondation Léa-Roback, la Fondation Lucie et André Chagnon, la Fondation McConnell, la Fondation Solstice, la Fondation Léo-Cormier et l’OEuvre Léger

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le contexte économique favorable se prête à ce que le gouverneme­nt établisse des objectifs encore plus ambitieux pour lutter contre la pauvreté.

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