L’Ontario réduira l’impôt des PME de concert avec la hausse du salaire minimum
En ayant en tête les prochaines élections printanières dans la province, le gouvernement libéral de l’Ontario réduira l’impôt des petites entreprises dans le cadre de nouveaux investissements de 500 millions visant à assouplir la transition vers la hausse du salaire minimum.
Le ministre des Finances, Charles Sousa, a dévoilé le plan du gouvernement dans l’énoncé économique de l’automne, mardi après-midi. Le taux d’imposition pour les petites entreprises passera de 4,5 à 3,5% à partir du 1er janvier 2018, et également, le premier jour de l’année, le gouvernement provincial augmentera le salaire minimum de 11,60 $ à 14 $.
Des détracteurs de la vaste réforme du travail présentée en mai appelaient à des réductions d’impôt depuis des mois pour permettre aux entreprises d’absorber les coûts. Le plan du gouvernement mènera à un salaire minimum de 15$ l’heure le 1er janvier 2019. M. Sousa a affirmé que le gouvernement ne freinera pas ses engagements et qu’une augmentation du salaire minimum ne pouvait «pas attendre».
Dans le cadre de son plan pour les petites entreprises de 500 millions, le ministre a indiqué que la province déterminera un tiers de ses dépenses en approvisionnement de biens et de services devant venir des petites et moyennes entreprises d’ici 2020.
Le gouvernement dépensera 124 millions sur trois ans afin d’aider les entreprises comptant moins de 100 employés à embaucher des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Le gouvernement paiera des incitatifs financiers de 1000$ pour chaque travailleur embauché et encore 1000$ pour chaque travailleur retenu pendant au moins six mois par une petite entreprise. «Nous voulons aussi aider les jeunes à dénicher un emploi valorisant. Pour trouver leur premier emploi ou réaliser les premières étapes pour bâtir leur carrière. Et nous voulons soutenir les petites entreprises qui embauchent ces jeunes », a fait valoir le ministre.
M. Sousa a aussi soutenu que le budget 2018 serait équilibré — de même que pour les deux années subséquentes.
Salaire minimum
Le Bureau du directeur de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF), organisme d’analyse de la situation fiscale, avait évalué que plus de 50 000 personnes risquaient de perdre leur emploi en raison de l’augmentation du salaire minimum et de son impact sur les coûts salariaux des entreprises en l’absence d’adoucisseur pour les PME. Dans son rapport publié en septembre, le BRF retenait que « la proposition du gouvernement de relever le salaire minimum général de l’Ontario à 15$ l’heure fera considérablement augmenter le nombre de travailleurs au salaire minimum, qui passera d’un peu plus de 500 000 à 1,6 million de travailleurs en 2019». Il ajoutait qu’à 15$ l’heure, les adultes et les travailleurs à temps plein représenteront la majorité des travailleurs au salaire minimum alors qu’actuellement, à 11,40$, cette majorité est composée d’adolescents, de jeunes adultes et des travailleurs à temps partiel.
«La hausse projetée du salaire minimum en Ontario est plus importante et plus rapide que les augmentations précédentes, ce qui pourrait inciter les entreprises à réduire leurs coûts de manière encore plus radicale », écrivait-il.
En juillet dernier, le gouvernement de l’Ontario déposait un projet de loi visant notamment à faire passer le salaire minimum de 11,40$ actuellement à 14 $ en janvier 2018, puis à 15 $ en janvier 2019. L’Alberta avait donné le ton en septembre 2016 en adoptant le plan qui la mènera progressivement à un salaire minimum de 15 $ l’heure en octobre 2018. Elle devenait ainsi la première province à emprunter cette voie.
Au Québec, le taux général du salaire minimum est passé à 11,25 $ en mai. En janvier dernier, la ministre du Travail, Dominique Vien, avançait la cible de 12,45$ pour 2020. Québec fixait alors un échéancier d’augmentations sur plusieurs années et une cible équivalant à 50% du salaire moyen. Après la hausse de 50¢ cette année, le gouvernement prévoit des augmentations de 50 ¢ en 2018, de 35 ¢ en 2019 et de 35 ¢ en 2020. La ministre liait alors la cible des 15 $ à la progression du salaire moyen.