Le Venezuela et son fleuron pétrolier en défaut de paiement partiel
Le Venezuela a été déclaré en défaut partiel sur sa dette mardi, tout comme son joyau pétrolier PDVSA, mais celui-ci a néanmoins obtenu un peu de répit face à ses créanciers internationaux.
L’association internationale des produits dérivés (ISDA), réunie à New York, a renoncé à trancher dans l’immédiat la question d’un défaut de paiement de PDVSA bien que le groupe ait lui aussi été déclaré en défaut partiel par l’agence de notation Fitch. «Alors que le comité directeur de l’ISDA s’efforce d’obtenir des informations claires sur le calendrier des paiements effectués à l’agent payeur (intermédiaire chargé de recevoir les échéances financières), comme requis […], le comité a décidé de reporter la tenue d’un vote sur cette question », a indiqué l’ISDA.
Ce comité spécialisé composé de 15 sociétés financières a néanmoins précisé qu’il se réunira de nouveau jeudi à New York pour poursuivre les discussions sur les conséquences d’un retard de paiement de PDVSA d’un montant de 1,16 milliard à ses créanciers internationaux.
Fitch, de son côté, a constaté le retard de paiement, jusqu’à une semaine, de PDVSA sur deux bons d’un montant total de 2 milliards. De son côté, S&P Global Ratings avait auparavant indiqué que le gouvernement vénézuélien n’avait pas réussi à payer, à l’issue du délai de grâce de 30 jours, une échéance de 200 millions de dollars portant sur deux obligations.
Redoutée depuis des semaines, l’annonce de défaut partiel du pays ravive les inquiétudes sur les capacités de Caracas à continuer de rembourser sa dette extérieure d’environ 150 milliards de dollars. Elle pourrait précéder un défaut général, en d’autres termes une incapacité totale de payer ses dettes, alors que la population souffre déjà de graves pénuries d’aliments et de médicaments, faute d’argent pour les importer.
Farouchement opposé à cette option, le président socialiste Nicolas Maduro a lancé les grandes manoeuvres alors que le pays est dans une situation politique difficile. Il avait convoqué lundi à Caracas les créanciers internationaux afin de renégocier ses conditions d’emprunt. La réunion, d’à peine 25 minutes, s’est achevée sans accord même si les parties prévoient une prochaine rencontre. Cela n’a pas empêché les autorités vénézuéliennes de la qualifier de «succès retentissant».
Le Venezuela, ruiné notamment par la chute des cours de l’or noir, ne dispose plus que de 9,7 milliards de réserves et doit rembourser au moins 1,47 milliard d’ici la fin de 2017, puis 8 milliards en 2018.
«Il est très probable que nous considérions toute restructuration de la dette vénézuélienne comme un échange imposé aux créanciers assimilable à un défaut, compte tenu des fortes contraintes pesant sur la liquidité extérieure», a souligné S&P. «De plus, selon nous, les sanctions américaines à l’encontre du Venezuela et des membres du gouvernement devraient résulter en une longue et difficile négociation avec les créanciers », a-t-elle ajouté, alors que, selon Caracas, 70 % d’entre eux sont nord-américains (États-Unis et Canada).
Même inquiétude pour Fitch concernant PDVSA : «Le processus de restructuration de la dette que [PDVSA] a l’intention de mener se prolongera probablement, en raison des sanctions imposées par le gouvernement américain», qui interdit à ses citoyens et banques d’accepter tout accord des autorités vénézuéliennes.
Le pays, autrefois le plus riche d’Amérique latine, risque de se retrouver coupé des marchés, tout comme PDVSA, et de devoir affronter des poursuites et la saisie d’actif et de filiales à l’étranger. Il est déjà sous pression de la communauté internationale, qui dénonce la radicalisation du président Maduro. Lundi, l’Union européenne lui a infligé des sanctions, dont un embargo sur les livraisons d’armes.
«L’annonce de la restructuration a généré plus d’incertitudes que de certitudes sur les marchés et la réunion, plus de questions que de réponses, donc le Venezuela se rapproche d’un défaut de paiement formel», a expliqué à l’AFP l’analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS. Outre les deux paiements sur lesquels le pays vient de faire défaut, le Venezuela n’a pas versé à temps quatre autres échéances, pour un montant total de 420 millions de dollars, selon S&P.
Le taux de rendement sur la dette vénézuélienne à 10 ans a atteint mardi 50,4%, traduisant une hausse des craintes sur la solvabilité du pays. Il avait toutefois culminé à 54,1% le 7 novembre, avant de redescendre à 42,5% le 13 novembre.
Nicolas Maduro assure, lui, négocier avec la Russie et la Chine, deux alliés auxquels le Venezuela doit respectivement 8 et 28 milliards de dollars. Caracas et Moscou sont sur le point de parapher un accord pour restructurer 3 milliards de créances vénézuéliennes, selon des sources proches concordantes. Une signature est prévue mercredi, a indiqué à l’AFP une source proche du gouvernement russe.