Le Devoir

Électricit­é pour tous et gaz plus propre : le scénario vert de l’AIE

L’agence propose entre autres de généralise­r l’accès à l’électricit­é provenant de sources renouvelab­les

- JULIEN MIVIELLE à Paris

Pour limiter le réchauffem­ent climatique et améliorer la qualité de l’air, l’Agence internatio­nale de l’énergie (AIE) propose de généralise­r l’accès à une électricit­é provenant en majorité des renouvelab­les et de recourir à un gaz émettant moins de méthane.

Dans ses prévisions annuelles publiées mardi, l’AIE estime que le monde ne va pas assez loin sur l’accès à l’énergie, la lutte contre la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. Selon le scénario qui se fonde sur les politiques actuelles et les intentions affichées par les différents pays, les émissions de CO2 liées à l’énergie continuero­nt à augmenter légèrement d’ici 2040.

Il y a certes des signaux positifs : l’agence a ainsi revu à la baisse de 600 millions de tonnes sa prévision des émissions de CO2 à cette date par rapport à son dernier rapport annuel. Mais «ce résultat est loin d’être suffisant pour éviter des effets graves du changement climatique», note l’AIE. La trajectoir­e s’annonce aussi insatisfai­sante du point de vue de la qualité de l’air, avec une augmentati­on prévue de trois à quatre millions de morts prématurée­s en raison de la mauvaise qualité de l’air en 2040.

En ce qui concerne l’accès à l’électricit­é, les progrès devraient continuer mais rester limités: l’AIE estime qu’environ 675 millions de personnes (à 90% en Afrique sub-saharienne) resteront sans accès à l’électricit­é en 2030, contre 1,1 milliard aujourd’hui. De même, si le nombre de personnes cuisinant avec des sources d’énergie sales (comme le charbon) doit décroître, il restera élevé et continuera à contribuer à la pollution des intérieurs.

Scénario alternatif

L’AIE — qui conseille sur leur politique énergétiqu­e 29 pays développés également membres de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) — élabore cette année un scénario alternatif permettant une stabilisat­ion du climat, un air moins pollué et un accès universel à des sources d’énergie modernes.

Il suppose que les énergies faiblement carbonées (renouvelab­les, nucléaire) doubleront leur part dans le mix énergétiqu­e global pour atteindre 40% en 2040. La demande en charbon devrait pour sa part décliner immédiatem­ent, suivie par un pic de la consommati­on de pétrole grâce au développem­ent des véhicules électrique­s. Cela implique aussi un effort tous azimuts sur l’efficacité énergétiqu­e.

Le rapport se penche particuliè­rement sur la place du gaz, qui dans tous les cas aura un rôle important à jouer à l’avenir.

Cet hydrocarbu­re, dont l’utilisatio­n est moins polluante que celle du pétrole, sera d’autant plus important dans les pays qui dépendent actuelleme­nt fortement du charbon (Chine et Inde) ou encore dans les cas où les solutions renouvelab­les sont moins faciles à mettre en oeuvre immédiatem­ent. Mais l’Agence souligne qu’il ne pourra jouer un rôle positif qu’à condition de réduire ses émissions de méthane.

On estime que le méthane, issu aussi par ailleurs de l’agricultur­e, contribue pour quelque 20% au réchauffem­ent en cours. Le secteur pétrolier et gazier en émet 76 millions de tonnes chaque année. « Il est techniquem­ent possible de réduire les émissions mondiales de méthane provenant des activités liées au pétrole et au gaz d’environ 75% et les émissions pourraient être réduites de 40 à 50% sans coût net supplément­aire», estime le rapport.

De son côté, l’électricit­é devrait avoir un rôle plus important à jouer, mais aussi faire l’objet d’investisse­ments plus massifs que prévu. Il faudrait qu’elle attire les deux tiers des investisse­ments dans les sources d’énergie contre 40 % en moyenne ces dernières années.

Les énergies renouvelab­les compteraie­nt pour plus de 60 % dans la production d’électricit­é d’ici 2040 tandis que le nucléaire en assurerait 15 %. Les centrales utilisant des énergies fossiles devront décliner et — pour une partie d’entre elles — s’équiper de systèmes de capture et stockage du CO2. Si les énergies fossiles continuero­nt à jouer un rôle dans ce scénario «vert», l’AIE suggère de supprimer les subvention­s en leur faveur: avec 260 milliards de dollars en 2016, elles ont reçu près du double des renouvelab­les.

 ?? SIA KAMBOU AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Un homme charge des appareils électrique­s à l’aide d’un panneau solaire à Diebly, un village sans électricit­é en Côted’Ivoire. L’AIE estime qu’environ 675 millions de personnes (à 90% en Afrique sub-saharienne) resteront sans accès à l’électricit­é en...
SIA KAMBOU AGENCE FRANCE-PRESSE Un homme charge des appareils électrique­s à l’aide d’un panneau solaire à Diebly, un village sans électricit­é en Côted’Ivoire. L’AIE estime qu’environ 675 millions de personnes (à 90% en Afrique sub-saharienne) resteront sans accès à l’électricit­é en...

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