Le Devoir

La perspectiv­e d’un procès pour agression sexuelle a pu pousser Alain Juneau au suicide, conclut un coroner

- MARIE- MICHÈLE SIOUI

C’est

vraisembla­blement l’appréhensi­on de subir un nouveau procès pour des gestes à caractère sexuel qui a poussé l’ex-policier de la Sûreté du Québec (SQ) Alain Juneau à mettre fin à ses jours le 1er janvier 2017, dans sa résidence de Rimouski.

« Ses déboires devant la justice pesaient probableme­nt lourdement sur le moral de M. Juneau » , a noté la coroner Renée Roussel, chargée d’enquêter sur son suicide.

L’homme de 56 ans, accusé d’agression sexuelle dans la foulée des dénonciati­ons de femmes autochtone­s de Vald’Or, a fait les manchettes en novembre 2016, quand il a été accusé d’avoir agressé sexuelleme­nt une femme innue de Scheffervi­lle, sur la Côte-Nord, entre les années 1992 et 1994.

Outre lui, seul l’ex- policier Jean-Luc Vollant a été arrêté et accusé de viol, d’atteinte à la pudeur et d’agression sexuelle au terme de 37 enquêtes menées à la suite de dénonciati­ons de femmes autochtone­s qui disaient avoir été agressées par des policiers.

Trois tentatives de suicide

Alain Juneau a pris sa retraite de la SQ en 2013, après avoir été accusé et reconnu coupable de contacts sexuels sur une personne de moins de 16 ans, à Matane.

« En 2014, il avait attenté à ses jours [à la suite d’] une séparation conjugale difficile ainsi que face à un procès à venir, a appris la coroner. En septembre et novembre 2016, il a attenté à nouveau à ses jours à la suite du dépôt de nouvelles accusation­s. »

« Déprimé et anxieux » , l’ex-policier a recommencé à consommer de l’alcool en 2016, « après quelques années d’abstinence » ,a souligné la coroner Roussel. Elle considère qu’Alain Juneau était en « détresse » lorsqu’il a effectué sa quatrième — et der- nière — tentative de suicide. Une lettre de doléances manuscrite se trouvait près de son corps, lequel a été retrouvé le 3 janvier 2017 dans sa résidence de Rimouski.

Alain Juneau était inscrit au Registre national des délinquant­s sexuels depuis 2014. La reconnaiss­ance de sa culpabilit­é en 2013 lui a valu 90 jours de détention.

Alain Juneau devait par ailleurs se présenter, en janvier 2017, à l’ouverture de son enquête préliminai­re pour une af faire d’agression sexuelle qui se serait produite en 2006.

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