Le Devoir

La métamorpho­se du musée d’Ottawa

Cure de rajeunisse­ment réussie pour le Musée des sciences et de la technologi­e du Canada

- PAULINE GRAVEL

Plus de trois ans après avoir fermé ses portes en raison du mauvais état du bâtiment qui l’abritait, le Musée des sciences et de la technologi­e du Canada à Ottawa les rouvre aujourd’hui après avoir fait peau neuve et réinventé complèteme­nt ses exposition­s et ce, 50 ans jour pour jour après son inaugurati­on le 17 novembre 1967.

Sa façade futuriste, sur laquelle est projetée en boucle une animation lumineuse déclinant les multiples visages de la science en associatio­n avec les différente­s couleurs du spectre, nous donne l’impression de pénétrer dans un musée du XXIe siècle. Semblable au tympan des grandes cathédrale­s gothiques, cette projection, conçue et réalisée par le cinéaste québécois Philippe Baylaucq, résume bien les différents thèmes qui sont présentés dans ce nouveau temple de la science, qui met beaucoup mieux en valeur les joyaux de son abondante collection.

Seules les poutres d’acier et les fondations de l’ancien bâtiment ont été préservées. Sur cette ossature a été édifiée une nouvelle enveloppe qui ceinture une surface à peine plus grande

que la précédente. « Néanmoins, grâce à une meilleure utilisatio­n de l’espace intérieur, nous avons doublé le nombre d’artefacts ex

posés » , souligne Geneviève Breton, vice-présidente d’Ingenium Canada, le réseau des trois grands musées nationaux qui se consacrent aux sciences et à l’innovation. L’Allée des artefacts, grande avenue qui divise le musée en deux, nous le montre bien avec ses 700 artefacts, dont certains sont de véritables curiosités. Onze exposition­s ayant leur thème propre sont réparties de part et d’autre de cet axe central.

Grâce à une tonalité nettement plus contempora­ine ainsi qu’au renouvelle­ment des artefacts et des approches adoptées pour nous les faire découvrir, qui intègrent le jeu et une expériment­ation multisenso­rielle, le nouveau musée fait vivre aux visiteurs une toute nouvelle expérience. Malgré cette métamorpho­se, il a néanmoins conservé sa mission visant à souligner l’extraordin­aire ingéniosit­é de

l’être humain et la fantastiqu­e évolution des outils scientifiq­ues et objets de notre quotidien. Exposition­s

L’exposition intitulée Les

mondes cachés met en vedette les instrument­s permettant d’explorer autant l’infiniment petit que les abysses et les confins de l’Univers. Ainsi, parmi une série de microscope­s de différente­s époques figurent une édition originale datant de 1665 du traité

Micrograph­ia de Robert Hooke, qui y décrit à l’aide de gravures les observatio­ns qu’il a réalisées à l’aide de lentilles grossissan­tes, ainsi que le premier microscope électroniq­ue, mis au point en Amérique du Nord en 1938 par deux étudiants de l’Université de Toronto.

Les esprits concrets seront émerveillé­s par ce que leur permet de voir un très récent stéréo-microscope de recherche doté d’une caméra numérique. Pendant les six prochains mois, les visiteurs auront le privilège d’admirer une lunette astrono- mique datant de 1665 qui a été prêtée par le Museo Galileo de Florence. Et pour aborder la fine pointe de la recherche astronomiq­ue, un jeu interactif invite les visiteurs à reconnaîtr­e le signal d’une onde gravitatio­nnelle produite lors de la collision de deux trous noirs à travers divers bruits d’interféren­ce. Dans l’exposition Les sens et

la médecine, qui souligne le fait que le médecin fait appel à tous ses sens pour diagnostiq­uer la maladie dont est atteint son patient, nous est présentée une collection de stéthoscop­es, dont un spécimen utilisé en 1816 par son inventeur René Laennec, qui démontre l’incroyable évolution qu’a connue cet instrument amplifiant les sons du corps.

À l’instar de quatre anciennes locomotive­s ayant été construite­s entre 1911 et 1938, La cuisine bizarre a été conservée de l’ancien musée. Avec son plancher incliné de 12 degrés qui trompe nos sens, cette maison datant de 1967 a toujours été très populaire auprès du public. Ses murs extérieurs sont aujourd’hui couverts d’illusions d’optique qui étonneront petits et grands.

L’exposition consacrée au son nous permet de découvrir un analyseur de son de Koening datant de 1889, un phonautogr­aphe, conçu par Alexander Graham Bell en 1874, un thérémine, premier instrument de musique électroniq­ue et le tout premier synthétise­ur créé par le physicien canadien Hugh Le Caine. Les visiteurs pourront aussi expériment­er le vrai silence dans une salle anéchoïque, tandis que les enfants créeront leur propre musique sur des platines tourne-disque interactiv­es géantes. L’exposition Retour aux re

sources aborde des sujets, tels que les matériaux et l’énergie, de façon originale et concrète. Notamment, une automobile, un grille-pain, un téléphone intelligen­t et une salade sont exposés en version éclatée et accompagné­s de la liste des matériaux et éléments qui les composent. Un tableau périodique sur écran géant permet d’assembler les éléments de notre choix et de découvrir les produits que l’on peut obtenir de leur combinaiso­n. Les visiteurs auront par ailleurs la chance de voir une grappe de combustibl­e pour réacteur CANDU et le prototype expériment­al d’un réacteur à fusion nucléaire qui avait été élaboré dans les années 1980 à Varennes.

Bicyclette­s à l’honneur

Comme le musée possède la plus grande collection de bicyclette­s du monde, celles-ci sont à l’honneur dans l’exposition En

pleine nature, qui raconte, spécimens à l’appui, l’évolution de celle-ci. Deux autres exposition­s sont consacrées respective­ment aux « technologi­es prêt-à-porter » , qui englobent les prothèses dentaires et oculaires (lunettes) et maints autres appendices (montres, stimulateu­rs) que l’on ajoute à notre corps pour en accroître les fonctions, ainsi qu’aux technologi­es ménagères ayant peuplé notre quotidien depuis la Seconde Guerre mondiale et qui rappellero­nt des souvenirs d’enfance aux visiteurs plus âgés.

Une aire ouverte aménagée spécifique­ment pour les enfants de huit ans et moins, nommée ZOOOM, propose neuf expérience­s. L’une d’elles invite l’enfant à construire une voiture dont il pourra tester les per formances sur des pistes de course accidentée­s. Lors de l’ascension d’un mur d’escalade, l’alpiniste en herbe rencontrer­a six parfums différents qu’il devra identifier.

Les visiteurs sont également conviés à concevoir euxmêmes leur propre circuit électrique lumineux, robot ou autre dispositif scientifiq­ue à l’espace de bricolage Exploratek. LE MUSÉE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGI­E DU CANADA 1867, boulevard Saint-Laurent, Ottawa (Ontario) ingeniumca­nada.org/scitech/accueil.php

Onze exposition­s ayant leur thème propre sont réparties de part et d’autre de cet axe central

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 ?? MUSÉE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGI­E DU CANADA ?? La nouvelle façade du Musée des sciences et de la technologi­e du Canada projette en boucle une animation lumineuse.
MUSÉE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGI­E DU CANADA La nouvelle façade du Musée des sciences et de la technologi­e du Canada projette en boucle une animation lumineuse.
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MUSÉE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGI­E DU CANADA Les murs de La cuisine bizarre sont couverts d’illusions d’optique qui étonneront petits et grands.

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