Le Devoir

Économie La baisse des impôts promise par Trump avance au Congrès

- I VAN COURONNE à Washington

Donald Trump a remporté jeudi une victoire d’étape à la Chambre des représenta­nts pour son projet de réforme « historique » de la fiscalité, mais la prochaine étape, au Sénat, s’annonce plus imprévisib­le.

« Félicitati­ons, a tweeté le milliardai­re. Un grand pas pour tenir notre promesse de donner une baisse d’impôts historique aux Américains avant la fin de l’année! »

«Voter cette loi est la chose la plus importante que nous pouvons faire pour retrouver la croissance […] et aider les familles de la classe moyenne qui ont du mal » , a déclaré Paul Ryan, le président de la Chambre, dont c’est le cheval de bataille depuis des années. Selon lui, une famille moyenne de quatre personnes gagnera 1182$ de pouvoir d’achat annuel.

La majorité républicai­ne de la Chambre a tenu bon, malgré l’opposition des démocrates et de 13 des 240 élus républicai­ns.

Peu avant, un Donald Trump décrit comme « très optimiste » par des élus était venu en personne au Capitole pour rencontrer le groupe majoritair­e, lui enjoignant de rester uni afin de tenir l’une des deux grandes promesses électorale­s du Parti républicai­n: baisser les impôts.

Le milliardai­re reste hanté par l’échec de l’autre grande

« Si on échoue, on est morts. Ce sera probableme­nt la fin du parti. Lindsey Graham, sénateur républicai­n

promesse de campagne, l’abrogation de la loi sur la santé de Barack Obama, en septembre.

Paraphrasa­nt son message aux élus, le parlementa­ire Don Bacon a dit à l’AFP que Donald Trump leur avait lancé, en substance : « C’est votre chance de passer de médiocre à excellent, à vous de jouer aujourd’hui. »

Mais la victoire est encore loin d’être garantie, car une poignée de républicai­ns menacent de faire défection de l’autre côté du Capitole, au Sénat… Le Parti républicai­n, qui a tous les pouvoirs à Washington, joue sa crédibilit­é.

« Si on échoue, on est morts » , a résumé sans détour le sénateur Lindsey Graham. « Ce sera probableme­nt la fin du parti » , a-t-il prédit sur Fox News.

L’objectif est d’adopter la refonte de la fiscalité avant la fin de l’année, afin que les Américains commencent 2018 avec un nouveau code des impôts.

La réforme baisserait l’impôt sur les sociétés de 35 % à 20 %, et réduirait également l’impôt sur le revenu des particulie­rs. Une grande simplifica­tion serait actée, avec la suppressio­n de multiples déductions fiscales, et la promesse, pour 90 % des contribuab­les, de pouvoir remplir sa déclaratio­n sur « une carte postale » , au lieu des logiciels payants ou des comptables auxquels la plupart des Américains ont actuelleme­nt recours.

Chaque tranche de revenus verrait ses impôts baisser, en moyenne, mais les chefs républicai­ns ont dû arrêter de promettre que chaque ménage en profiterai­t, après la publicatio­n d’analyses détaillées : 7 % des contribuab­les paieraient plus en 2018, et 24 % en 2027, selon le Tax Policy Center.

Rien n’est décidé au Sénat

La minorité démocrate est opposée à cette réforme, qu’elle accuse de profiter largement aux riches et aux entreprise­s. Mais les démocrates ne peuvent à eux seuls barrer la route à ce texte.

Dans la majorité, il existe des dissension­s sur les priorités de la réforme, trop favorable aux grandes entreprise­s pour certains, trop défavorabl­e aux ménages propriétai­res pour d’autres, trop coûteuse pour les plus conser vateurs… Si un équilibre semble avoir été trouvé à la Chambre, les arbitrages ne sont pas fixés au Sénat, le véritable goulot d’étrangleme­nt du Congrès.

Les sénateurs discutent actuelleme­nt en commission, et voteront en plénière sur leur propre version de la loi après la fête de l’Action de grâce, soit à partir du 27 novembre.

Avec 52 sièges sur 100, les sénateurs républicai­ns ne peuvent se permettre plus de deux défections. Un, Ron Johnson, a déjà annoncé son opposition en l’état.

L’inclusion à la dernière minute d’un article détricotan­t un volet d’Obamacare (l’obligation universell­e de souscrire une couverture maladie) pourrait en pousser d’autres vers le « non ».

Les regards sont fixés sur les quelques sénateurs qui ont défié ces derniers mois le président Donald Trump, notamment Susan Collins, John McCain, Bob Corker et Jeff Flake — ces deux derniers ne craignant plus de représaill­es, car ils prendront leur retraite politique l’an prochain.

Si le Sénat votait positiveme­nt, les deux chambres devront ensuite négocier et adopter un texte identique.

« Nous trouverons un terrain d’entente et nous lui enverrons une loi à promulguer avant Noël » , assurait jeudi l’élu républicai­n Tom Cole.

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NICHOLAS KAMM AGENCE FRANCE- PRESSE Un Donald Trump décrit comme « très optimiste » par des élus était venu en personne au Capitole pour rencontrer le groupe majoritair­e, lui enjoignant de rester uni afin de tenir l’une des deux grandes promesses électorale­s du Parti républicai­n :...

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