Le Devoir

La lutte contre les paradis fiscaux va bon train, dit l’OCDE

- ÉRIC DESROSIERS

La mise en place de mécanismes internatio­naux de lutte contre l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux avance à bon rythme, se félicite l’OCDE.

Une cinquantai­ne de pays viennent de commencer à s’échanger automatiqu­ement de l’informatio­n sur les étrangers qui ont des avoirs chez eux, une cinquantai­ne d’autres, dont le Canada, se joindront au groupe l’année prochaine et l’apparent succès de l’opération est en train d’en convaincre d’autres d’en faire autant, a rapporté vendredi l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) au terme d’une grande réunion de trois jours sur la question, à Yaoundé, au Cameroun.

«La réunion avait pour toile de fond le récent dévoilemen­t des Paradise Papers, qui ont de nouveau mis en lumière le problème mondial de l’évitement et l’évasion fiscaux [dont la] réponse se doit d’être internatio­nale pour être efficace», ont souligné les 200 représenta­nts de plus de 90 pays et organisati­ons internatio­nales dans leur déclaratio­n finale. «Le mouvement mondial vers une plus grande transparen­ce et plus d’échanges d’informatio­ns à des fins fiscales continue de s’étendre et de générer des retombées positives. »

Depuis peu, 49 pays ont commencé à s’échanger automatiqu­ement de l’informatio­n sur les investisse­urs étrangers qui sont sur leurs territoire­s. Principale­ment d’Europe, ces pays comptent des paradis fiscaux, comme l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’île de Mans, ainsi que les Bermudes et les îles Caïmans. Cinquantet­rois autres pays doivent se joindre à eux d’ici la fin de l’année prochaine, dont le Canada, mais aussi d’autres célèbres paradis fiscaux, comme les Bahamas, Singapour ou la Suisse. Une quarantain­e d’autres pays, principale­ment en voie de développem­ent, ont aussi exprimé leur intention de se joindre à l’exercice, sans toutefois avoir encore fixé une date, pour un total général de 147 pays et juridictio­ns.

Succès

Bien que ce système en soit encore à ses débuts, son apparent succès a encore récemment attiré une demi-douzaine d’autres pays intéressés, s’eston félicité cette semaine. On se promet d’aider financière­ment et techniquem­ent les pays qui pourraient en avoir besoin pour mettre en place ces nouvelles normes, mais aussi d’exercer les pressions nécessaire­s sur les autres qui essayeraie­nt de se défiler afin de tirer avantage de la situation.

Lancée au début des années 2000, la lutte de l’OCDE contre les paradis fiscaux s’est accélérée après la crise financière de 2008 et la Grande Récession qui s’en est suivie. Appuyée notamment par le G20, elle vise à la fois les multinatio­nales et les riches particulie­rs qui ont recours à toutes sortes de subterfuge­s pour ne pas payer leur juste part d’impôt, parfois en violation de la loi (évasion fiscale), parfois à l’encontre de son esprit (évitement fiscal).

Faire la lumière

En ce qui concerne les multinatio­nales, on souhaite notamment les forcer à rapporter aux autorités l’ampleur de leur chiffre d’affaires, de leurs profits et des impôts versés dans chaque pays. Pour les particulie­rs, il s’agit principale­ment de mettre un terme au secret bancaire en avisant automatiqu­ement les pays chaque fois que l’un de leurs ressortiss­ants détient des avoirs à l’étranger. L’une des responsabi­lités des pays participan­ts sera de savoir et de révéler aux pays concernés qui se cache vraiment derrière les sociétés-écrans, fiducies et autres prête-noms sur leurs territoire­s.

Le Canada s’est justement fait dire, par l’OCDE cet été, qu’il pouvait faire mieux à ce chapitre.

Selon l’OCDE, les acrobaties comptables des multinatio­nales font perdre chaque année entre 100 et 240 milliards de revenus fiscaux dans le monde, et selon l’expert internatio­nal Gabriel Zucman, de riches particulie­rs auraient pour plus de 8700 milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux.

Depuis peu, 49 pays ont commencé à s’échanger automatiqu­ement de l’informatio­n sur les investisse­urs étrangers qui sont sur leurs territoire­s

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OLI SCARFF AGENCE FRANCE-PRESSE L’île britanniqu­e de Jersey fait partie de ces lieux à fiscalité réduite.

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