Le Devoir

L’intelligen­ce artificiel­le pour stimuler la création

Pas de ressac prévu dans les secteurs du jeu vidéo et du multimédia

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Dans les secteurs du jeu vidéo et du multimédia, qui font la renommée de Montréal, l’accélérati­on du développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le (IA) ne devrait qu’accroître les possibilit­és de création. Les liens tissés entre l’industrie et le monde universita­ire pourraient même permettre au monde réel de bénéficier des avancées effectuées dans l’univers virtuel.

«Pour nous, l’intelligen­ce artificiel­le, c’est notre pain et notre beurre. Ça fait des années qu’on travaille là-dedans», affirme Yves Jacquier, directeur général des studios de service de production chez Ubisoft.

«Ce n’est pas quelque chose qui commence à émerger dans notre industrie. Pour nous, c’est comme une colonne vertébrale», acquiesce Catherine Émond, directrice générale de l’Alliance numérique regroupant une centaine d’entreprise­s québécoise­s qui oeuvrent dans le domaine du jeu vidéo.

«Le jeu vidéo est un produit à haute valeur ajoutée sur le plan artistique, sur le plan culturel, et ça, ça ne se délègue pas à une machine», ajoute-telle, peu craintive de voir des emplois de programmeu­rs disparaîtr­e.

L’IA pourrait permettre d’accélérer le rythme de travail, de limiter les erreurs et même d’embaucher plus d’employés pour réaliser plus de projets

Alliance profitable

En plus d’utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour améliorer l’interactiv­ité de ses jeux, Ubisoft a lancé il y a environ un an la Forge, un espace de prototypag­e qui rassemble une quinzaine d’employés de la compagnie et un nombre équivalent de chercheurs et d’étudiants universita­ires.

Cette collaborat­ion permet notamment à Ubisoft d’utiliser l’IA pour programmer les voitures qui circulent dans ses environnem­ents de jeu. À terme, les essais réalisés au sein de la Forge pourraient alimenter les recherches entourant le développem­ent de véritables voitures autonomes.

«Plus le jeu vidéo va s’inspirer de ce qui se passe dans la vraie vie, plus la vraie vie va utiliser les simulation­s du jeu vidéo, plus tout le monde va être gagnant », résume M. Jacquier.

Dans l’immédiat, l’IA permet à Ubisoft d’accélérer certaines étapes de production. «Plus nous sommes capables de reproduire un écosystème complet plutôt que d’avoir à le programmer à la main […], plus l’environnem­ent va être crédible », explique M. Jacquier, insistant sur l’importance de l’interventi­on humaine pour donner vie à des environnem­ents ou des personnage­s.

Plus d’interactiv­ité

Chez Moment Factory, entreprise créatrice d’environnem­ents multimédia­s, on pense que l’IA permettra non seulement d’accroître la productivi­té, mais de faire évoluer les expérience­s interactiv­es à un niveau jamais atteint.

Notamment en créant des expérience­s similaires à celle des jeux de rôle en direct, où les actions posées par les participan­ts influencen­t le cours des choses, comme dans un jeu vidéo.

Les employés du studio de production de Moment Factory pourraient également tirer profit de l’IA: un logiciel pourrait par exemple constituer un modèle 3D à partir d’un dessin sommaire, en tenant compte des créations antérieure­s d’un graphiste. «Ça va nous aider à mettre notre énergie sur l’innovation», se réjouit M. Larouche.

Le même enthousias­me règne au studio d’effets visuels Rodeo FX, où Jordan Soles, viceprésid­ent du développem­ent et des technologi­es, affirme que l’IA pourrait un jour permettre d’accélérer le rythme de travail, de limiter les erreurs et même d’embaucher plus d’employés pour réaliser davantage de projets.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR L’industrie du jeu vidéo emploie 6000 personnes à Montréal.

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