Le Devoir

Le syndicat agricole fait connaître ses revendicat­ions au monde municipal

Dans la foulée des élections municipale­s, les fédération­s régionales et les syndicats locaux de l’UPA ont rencontré les candidats pour faire valoir leurs revendicat­ions. Ils leur ont parlé notamment d’aménagemen­t du territoire, de fiscalité foncière, d’ag

- STÉPHANE GAGNÉ Collaborat­ion spéciale

Activités agricoles et monde municipal sont indissocia­bles. Or, dans beaucoup de dossiers, les décideurs municipaux peuvent intervenir pour appuyer les revendicat­ions des agriculteu­rs auprès des gouverneme­nts du Québec et du Canada. Selon Marcel Groleau, président de l’UPA, la fiscalité foncière agricole est le dossier à traiter en priorité.

Le dossier des taxes foncières

La hausse de la valeur des terres, surtout dans les régions proches de Montréal, comme la Montérégie et Lanaudière, cause un préjudice aux agriculteu­rs. Les taxes élevées réduisent la rentabilit­é de certaines exploitati­ons. Bien que la réforme des taxes foncières proposée en 2016 par l’ex-ministre de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on Pierre Paradis (qui entraînait une hausse globale de 45% des impôts des agriculteu­rs) ait été abandonnée, le dossier n’est pas réglé pour autant, selon M. Groleau.

« Nous voulons nous asseoir avec le MAPAQ pour régler cette question », affirme M. Groleau, qui attend toujours cette rencontre. Le président de l’UPA souhaitera­it notamment l’instaurati­on d’un plafond de la valeur imposable des terres agricoles et un plafond du taux de taxation des immeubles agricoles. Il aimerait que les municipali­tés appuient son organisati­on dans ses revendicat­ions.

Selon M. Groleau, il n’est pas normal que les promoteurs qui détiennent des terres agricoles à des fins de spéculatio­n, et sans les exploiter parfois, profitent du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCFTA) qui permet un remboursem­ent de taxes. Et cela, selon les mêmes conditions que pour les agriculteu­rs.

Mettre en valeur le territoire agricole

Un autre dossier important est la mise en valeur des terres agricoles. L’une des façons d’y arriver consiste à adopter un Plan de développem­ent de la zone agricole (PDZA). Ce plan, confection­né par les MRC, est un outil de planificat­ion qui met en valeur la zone agricole en favorisant le développem­ent de l’agricultur­e. La Commission de protection du territoire agricole doit en tenir compte lorsqu’elle analyse une demande d’autorisati­on pour un usage autre qu’agricole. «Les PDZA permettent une prise de conscience de la valeur de l’agricultur­e et peuvent amener le milieu à faire de cette activité une priorité », dit M. Groleau.

Plusieurs MRC ont déjà leur PDZA alors que d’autres amorcent l’exercice. Dans certains cas, les PDZA ont été réalisés sans l’implicatio­n des producteur­s agricoles, déplore M. Groleau. «Nous souhaiteri­ons être partie prenante du processus et nous souhaiteri­ons que des budgets soient dégagés pour l’élaboratio­n et la mise en oeuvre des PDZA. »

Les Conseils consultati­fs agricoles (CCA), que plusieurs MRC ont mis en place, peuvent permettre la mise en oeuvre des PDZA (les CCA sont une structure prévue par la Loi sur l’aménagemen­t et l’urbanisme, qui s’intéresse et étudie toute question relative aux activités agricoles). L’UPA aimerait que toutes les MRC aient un CCA et que des agriculteu­rs soient désignés par l’UPA en leur sein.

La situation en Outaouais

Ainsi, en Outaouais, le CCA de la Ville de Gatineau travaille à adopter un PDZA. La question des PDZA a d’ailleurs été l’objet central des rencontres tenues avec les candidats aux élections municipale­s dans la région de l’Outaouais. «La MRC des Collines-de-l’Outaouais amorce l’élaboratio­n de son PDZA», affirme Stéphane Alary, producteur de lait et président du Syndicat de l’UPA des Collines-de-l’Outaouais, qui aimerait bien voir d’autres MRC de la région lui emboîter le pas. M. Alary a animé deux des rencontres en présence des candidats municipaux avant les élections, à Gatineau et à Chelsea.

Stéphane Alary croit que les PDZA sont importants parce qu’ils peuvent notamment encourager la relève. «Dans notre région, il est parfois difficile d’intéresser les jeunes à l’agricultur­e, car les zones urbaines de Gatineau et d’Ottawa offrent des emplois bien rémunérés», dit-il. Parmi les autres sujets de discussion, il a aussi été question d’encourager l’agrotouris­me.

Améliorer les services offerts aux agriculteu­rs

Un des points essentiels pour développer l’agrotouris­me consiste à disposer de meilleurs services de télécommun­ications, comme l’Internet à large bande. M. Groleau déplore le fait que plusieurs régions ne possèdent toujours pas un tel service. «Pour réserver une place dans un lieu d’agrotouris­me, l’Internet à large bande est essentiel. »

Le signal cellulaire n’est pas présent partout non plus, et cela n’est pas uniquement l’apanage des régions éloignées. «Récemment, j’étais à Hemmingfor­d et je n’avais presque pas de signal cellulaire», dit-il, alors qu’Hemmingfor­d est pourtant une municipali­té assez proche de Montréal.

L’UPA aimerait aussi que toutes les formes d’énergie (gaz naturel, propane, électricit­é, etc.) soient accessible­s à coût abordable dans toutes les régions rurales et adaptées aux diverses production­s. La Montérégie proactive

Parmi les régions agricoles qui ont été très actives pour faire valoir leurs revendicat­ions, il y a la Montérégie. « Nous avons réalisé une capsule vidéo pour sensibilis­er le monde municipal à l’importance de l’agricultur­e dans la région », dit Chantal Legault, conseillèr­e en communicat­ion à la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Ainsi, dans cette vidéo intitulée Ensemble, développon­s l’agricultur­e, on apprend que la région compte près de 7000 fermes, représenta­nt le quart de la production agricole du Québec.

Comme autre action, « nous avons diffusé une lettre aux médias pour les sensibilis­er à l’importance de l’agricultur­e, poursuit Mme Legault. Nos 15 syndicats locaux ont aussi sollicité une rencontre avec les candidats aux élections municipale­s. Certains l’ont obtenue, d’autres non. »

D’autres fédération­s régionales et les syndicats locaux de l’UPA ailleurs au Québec ont aussi entrepris des actions. Ont-ils été écoutés et entendus? À suivre.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Selon le président de l’UPA, la fiscalité foncière agricole est un dossier à régler en priorité par les élus municipaux.

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