Le Devoir

Trente ans à porter la voix des intervenan­ts en santé

- PIERRE VALLÉE Collaborat­ion spéciale

Le prochain congrès de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ) marquera une étape charnière pour le syndicat. D’une part, il soulignera les 30 ans d’existence de la FIQ. D’autre part, sa présidente actuelle, Régine Laurent, ainsi que plusieurs membres du comité exécutif ont choisi de ne pas se représente­r aux élections. Ainsi, au sortir de ce congrès, la direction de la FIQ sera grandement renouvelée.

Par contre, ce qui ne changera pas, c’est l’ardeur de cette organisati­on à défendre le système de santé public au Québec, comme en témoigne le thème du congrès: «Soigner, une oeuvre collective». «Nous avons retenu ce thème parce qu’il fait référence à plusieurs aspects de la santé, explique Régine Laurent. D’abord, évidemment, il fait allusion au fait que la santé, c’est l’affaire de tous.»

Le thème met aussi l’accent sur la notion de responsabi­lité collective. «La santé, c’est un enjeu de société, poursuit-elle. Il faut arrêter de seulement parler de maladie lorsqu’on parle de santé. La santé, ce sont les soins, oui, mais c’est aussi la prévention. » Elle avance aussi l’idée qu’il faudrait politiser davantage les soins. «Par politiser les soins, précise-t-elle, j’entends qu’il faut arriver à faire reconnaîtr­e que soigner est un apport positif pour la société. Lorsque les gouverneme­nts investisse­nt en santé, ils le font comme s’il s’agissait d’un mal nécessaire. Au contraire, la santé sert la collectivi­té.»

Valoriser le profession­nalisme

Une des préoccupat­ions de Régine Laurent, qui sera soulevée lors du congrès, est la valorisati­on du profession­nalisme des acteurs du réseau. «Les intervenan­ts en santé possèdent des savoirs, qu’ils soient scientifiq­ues, existentie­ls, éthiques ou théoriques, soutient-elle. Il faut reconnaîtr­e ces savoirs, les valoriser, et surtout les mettre à contributi­on. Les intervenan­ts en santé peuvent exercer un leadership, et ce, de façon autonome, sans toujours être pris dans un corset ou ralentis par des contrainte­s. »

Elle donne deux exemples, liés entre eux, où l’organisati­on des soins de santé ne tient pas ou peu compte du savoir profession­nel des inter venants en santé. «Par exemple, il n’y a pas de planificat­ion à long terme de la main-d’oeuvre, relate-t-elle. Lorsqu’une infirmière arrive pour son quart de travail, elle ne sait jamais combien d’autres infirmière­s seront sur place. Il n’y a pas de ratio soignant-patients, sauf aux soins intensifs. C’est de la gestion à courte vue.»

Le second exemple concerne la lourdeur des cas. «Avec le virage ambulatoir­e, la durée du séjour à l’hôpital a été raccourcie. Cela a pour conséquenc­e que les patients que l’on voit aujourd’hui sont tous dans une phase aiguë.» Par exemple, auparavant, lorsque la durée du séjour variait, certains patients venaient de recevoir leur interventi­on chirurgica­le le jour même, mais d’autres quelques jours plus tôt. Les premiers demandaien­t plus de soins que les derniers. « Maintenant, tous les patients que l’on voit ont reçu leur interventi­on chirurgica­le le jour même ou la journée d’avant, et donc nécessiten­t tous la même charge de soins, ce qui entraîne une surcharge de travail, fait-elle valoir. Il faudrait donc ajuster le ratio soignant-patients pour tenir compte de cette réalité, ce que l’on ne fait pas. »

Deux nouveautés

Deux événements nouveaux auront lieu lors du congrès. «Nous allons recevoir des membres de l’organisati­on internatio­nale Global Nurses United, qui regroupe des syndicats de la santé d’une vingtaine de pays et qui milite contre les mesures d’austérité et la privatisat­ion des soins de santé, souligne Régine Laurent. Une table ronde a été organisée à cet effet.»

L’autre nouveauté met à contributi­on le comité des jeunes de la FIQ. «On a pensé que ce serait une bonne idée pour le 30e anniversai­re de la FIQ de demander à nos membres qui ont 30 ans ou moins ce qu’ils pensent aujourd’hui de la FIQ, raconte Mme Laurent. Quel genre de militantis­me prônent-ils ? Et comment voient-ils l’exercice du syndicalis­me aujourd’hui ? » Le congrès de la FIQ se tiendra du 27 novembre au 1er décembre, au Centre de congrès et d’exposition­s de Lévis.

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ISTOCK «Les intervenan­ts en santé possèdent des savoirs, qu’ils soient scientifiq­ues, existentie­ls, éthiques ou théoriques. Il faut reconnaîtr­e ces savoirs, les valoriser, et surtout les mettre à contributi­on », soutient la présidente de la FIQ, Régine...

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