Le Devoir

Québec refuse de renouveler le mandat de Monique Simard

Le conseil recommanda­it de renouveler son mandat, mais le gouverneme­nt a refusé

- GUILLAUME BOURGAULT- CÔTÉ

Ily aura changement de régime à la direction de la SODEC. Le gouverneme­nt Couillard a en effet décidé de ne pas renouveler le mandat de Monique Simard, malgré une recommanda­tion positive du conseil d’administra­tion, a appris Le Devoir.

La présidente et chef de la direction de la Société de développem­ent des entreprise­s culturelle­s ( SODEC) a annoncé la nouvelle à une centaine d’employés lundi matin, avant de la confirmer en entretien téléphoniq­ue.

« Le CA avait recommandé le renouvelle­ment du mandat et j’étais prête à prolonger celui-ci, at- elle dit. Mais le CA n’a qu’un pouvoir de recommanda­tion et c’est le Conseil des ministres qui décide. »

Nommée par le gouverneme­nt Marois en janvier 2014 pour un mandat de quatre ans, Mme Simard a été députée du Parti québécois de 1996 à 1998. Des raisons politiques pourraient-elles expliquer la décision du gouverneme­nt Couillard? « Je ne peux pas répondre à ça, la question est à poser au gouverneme­nt », répond Monique Simard.

Selon nos informatio­ns, le conseil d’administra­tion était unanime à soutenir la candidatur­e de Mme Simard. Dans le rapport de gestion 20162017 de l’organisme, le président du CA, Pierre Laporte, soulignait d’ailleurs le « travail remarquabl­e » de la présidente. La SODEC commentera la situation mardi matin. M. Laporte n’a pas répondu à notre demande d’entretien lundi.

« Le mandat de Monique Simard se termine le 5 janvier, elle a été avisée en septembre [qu’il ne serait pas renouvelé], a indiqué en fin de journée au Devoir Louise Bédard, chef de cabinet de la nouvelle ministre de la Culture, Marie Montpetit. Le gouverneme­nt a respecté son mandat. »

Quant à savoir pourquoi le gouverneme­nt n’a pas suivi la recommanda­tion du conseil d’administra­tion de la SODEC, Mme Bédard a répondu qu’« il n’y a pas de raison. Son mandat était de quatre ans, et le gouverneme­nt a décidé de ne pas le renouveler. On n’a rien à lui reprocher, on l’a félicitée pour son mandat. »

Selon Mme Bédard, le processus de sélection du prochain titulaire est déjà en branle. Un comité de trois personnes recommande­ra des candidats au gouverneme­nt.

Moment crucial

Chose certaine, Monique Simard regrette la tournure des événements. « Je suis déçue comme on l’est quand on est prêt à continuer quelque chose. Mais ce sont des mandats à durée déterminée et on accepte les règles du jeu au départ. »

Elle quitte la SODEC à un moment crucial. La ministre Montpetit doit présenter sous peu le plan d’action accompagna­nt la nouvelle politique culturelle du gouverneme­nt québécois.

Le milieu artistique avait accueilli la nomination de Mme Montpetit en octobre en faisant remarquer qu’elle serait la troisième titulaire du poste en trois ans, une « instabilit­é » déplorée par différents intervenan­ts.

Le départ de Monique Simard veut aussi dire que le gouverneme­nt doit maintenant trouver des nouveaux dirigeants pour deux de ses plus grandes institutio­ns culturelle­s, la SODEC et Bibliothèq­ue et Archives nationales du Québec, dont la présidente-directrice générale, Christiane Barbe, a démissionn­é en avril. Geneviève Pichet assure officielle­ment l’intérim depuis.

Créée en 1995, la SODEC est centrale dans la vie culturelle québécoise. Son mandat est de promouvoir et de soutenir l’implantati­on et le développem­ent des entreprise­s culturelle­s partout au Québec. Elle finance notamment l’industrie du cinéma, de la télévision, du livre, de la musique et des arts visuels. L’an dernier, elle a distribué plus de 61 millions de dollars en programmes d’aide.

Revoir les outils

Ancienne vice- présidente de la CSN, Monique Simard a été productric­e de films et directrice générale du programme français de l’Office national du film avant d’être nommée à la tête de la SODEC. « C’était une alliée des industries culturelle­s et une voix drôlement utile pour toutes les questions de droit d’auteur ou d’exception culturelle », indiquait lundi soir Richard Prieur, directeur de l’Associatio­n nationale des éditeurs de livres.

À l’aube de son départ, Mme Simard estime que le « plus grand défi de la SODEC » concerne la révision de la Loi qui gouverne l’organisme. « La mission de la SODEC est tout à fait honorable, mais le coffre à outils pour l’accomplir a besoin d’un gros coup de balai », dit-elle. La présidente sortante se demande notamment si la SODEC « a l’autonomie et la marge de manoeuvre, comme société d’État, pour s’ajuster aux événements qui se produisent sur le marché ».

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Monique Simard regrette la tournure des événements, « mais ce sont des mandats à durée déterminée et on accepte les règles du jeu au départ ».

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