Le Devoir

Les « super infirmière­s » gagnent en autonomie

Une entente est intervenue entre le Collège des médecins et l’Ordre des infirmière­s

- MARIE- LISE ROUSSEAU

Lesinfirmi­ères praticienn­es spécialisé­es (IPS) ont été entendues : elles auront davantage d’autonomie à compter de 2018. Un nouveau règlement a été conclu entre le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec ( OIIQ) pour encadrer leur pratique. Rendue publique lundi, cette entente doit permettre de mieux répondre aux besoins croissants des patients.

Celles qu’on surnomme « super infirmière­s » pourront bientôt amorcer des traitement­s pour six problèmes de santé chronique, soit le diabète, l’hypertensi­on artérielle, l’hyperchole­stérolémie, l’asthme, les maladies pulmonaire­s obstructiv­es chroniques et l’hypothyroï­die.

Concrèteme­nt, cela leur permettra de conseiller les patients et, lorsque nécessaire, de leur prescrire des médicament­s avant que ceux- ci ne consultent un médecin. Les infirmière­s ne pourront toutefois pas établir de diagnostic.

Le travail des IPS, actuelleme­nt réparti entre les soins de première ligne et certaines spécialité­s, s’étendra désormais dans trois grands champs: les soins aux adultes, la pédiatrie et la santé mentale. Elles pourront également pratiquer en CHSLD et en Centre jeunesse.

Autre gain pour les IPS, elles n’auront plus à se limiter à une liste de médicament­s préétablie lorsque viendra le temps de faire des prescripti­ons, comme c’est le cas actuelleme­nt.

Réactions positives

Les gains sont « significat­ifs », mais il y a « encore du travail à faire », soutient la présidente de l’Associatio­n des infirmière­s praticienn­es spécialisé­es du Québec, Christine Laliberté. Selon elle, le nouveau règlement ne comble pas le retard accusé au Québec dans la pratique des « super infirmière­s ». Les IPS de la province ont le champ d’inter vention le plus limité au pays, déplore-t-elle.

« On célèbre la victoire, mais on va continuer à travailler, parce qu’on sait qu’on peut offrir plus à la population », a-t-elle dit au Devoir.

L’OIIQ est de son côté satisfait du règlement. « C’est un gain majeur [pour les IPS], ça va donner un meilleur accès [aux soins] à la population, notamment en évitant la double consultati­on », s’est réjouie sa présidente, Lucie Tremblay.

Cette dernière affirme que la « très grande majorité » des revendicat­ions de l’OIIQ a été approuvée.

Elle aurait toutefois souhaité que les IPS puissent établir des diagnostic­s. « Néanmoins, le fait de pouvoir initier les traitement­s pour les maladies chroniques est un gain majeur », soutientel­le, soulignant que la moitié de la population du Québec vit avec ce type de problème de santé.

Mme Tremblay compte sur un comité de suivi qui doit être mis en place après l’entrée en vigueur du règlement pour émettre des recommanda­tions en ce sens à l’avenir. Des IPS siégeront à ce comité.

Pour sa part, le Collège des médecins atteste que l’entente donnera plus d’initiative et de liberté aux IPS, en plus d’améliorer la qualité des soins. « Ça fait longtemps que ce dossier évolue, on avait beaucoup de pression pour que ça aboutisse », rappelle son président, Charles Bernard.

Le Regroupeme­nt provincial des comités des usagers s’est quant à lui dit « très heureux » de ce règlement. Selon son président, Pierre Blain, il permet de « commencer à combler le retard » du Québec dans ce domaine.

Il y a actuelleme­nt 413 IPS dans la province. Le gouverneme­nt s’est engagé à en intégrer 2000 dans le réseau de la santé d’ici 2024-2025. Des formations universita­ires ont d’ailleurs débuté en septembre à cet ef fet, a confirmé MmeTrembla­y.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, souhaite prendre connaissan­ce de l’entente avant de réagir. « Toutefois, à première vue, nous voyons cela très positiveme­nt », a écrit son attachée de presse, Catherine W. Audet, au Devoir.

Le règlement doit être approuvé par le Conseil des ministres avant d’entrer en vigueur. Cela devrait se faire au début de 2018.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le champ de pratique des infirmière­s praticienn­es spécialisé­es a été étendu, mais elles estiment qu’il y a encore du chemin à faire.

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