Le Devoir

Monde En Allemagne, Angela Merkel affronte une crise politique

Une crise politique sans précédent fragilise le pays

- ANTOINE LAMBROSCHI­NI ISABELLE LE PAGE à Berlin

Angela Merkel a annoncé lundi être prête à mener son parti dans de nouvelles élections en vue d’un quatrième mandat de chancelièr­e si la crise politique majeure qui fragilise son pays et l’Europe toute entière se poursuit.

Alors qu’elle est af faiblie comme jamais en 12 ans de pouvoir à la suite d’un score décevant pour son parti conservate­ur aux législativ­es de septembre, puis de l’échec dimanche soir de négociatio­ns visant à former une coalition à quatre partis, la chancelièr­e allemande a rejeté toute idée de démission.

« Non, cela ne m’a pas effleurée », a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision publique ZDF au lendemain de la rupture des tractation­s qu’elle menait pour tenter de trouver un accord de gouverneme­nt entre son mouvement conservate­ur, les libéraux du FDP et les verts.

Si aucune solution de rechange de coalition ne peut être trouvée dans les semaines à venir pour former une majorité à la Chambre des députés, notamment avec les sociauxdém­ocrates, Angela Merkel a dit préférer l’option d’un retour devant les électeurs.

Elle s’est dite sur l’autre chaîne publique ARD « très sceptique » quant à l’autre option discutée : la mise sur pied d’un gouverneme­nt minoritair­e, dont elle prendrait la tête.

Des élections anticipées se- raient « une voie préférable » , a- t- elle ajouté. Et dans ce cas elle entend de nouveau se porter candidate au poste de chancelièr­e pour un quatrième mandat : « oui » , a- t- elle répondu quant on lui a demandé si elle en avait l’intention.

Coalition

Angela Merkel n’entend donc pas baisser les bras en dépit des critiques croissante­s dont elle fait l’objet, y compris au sein de son parti.

Dans l’immédiat, la chancelièr­e attend de voir si le président allemand, Frank- Walter Steinmeier, un social- démocrate, parviendra à convaincre son parti de reconsidér­er son refus de gouverner avec elle. Une formule qui lui apporterai­t une majorité.

Le SPD a réitéré lundi ne plus vouloir de la « grande coalition » actuelle avec les conservate­urs, qui dirige le pays depuis 2013, et préférer l’opposition.

Le chef de l’État allemand, auquel la constituti­on confère désormais un rôle- clé, a exhorté lundi la classe politique à éviter des législativ­es anticipées qui af faibliraie­nt l’Allemagne et l’Europe.

« J’attends de tous [les partis] qu’ils soient disponible­s pour le dialogue afin de rendre possible, dans un délai raisonnabl­e, la formation d’un gouverneme­nt », a-til dit lors d’une allocution télévisée, évoquant une crise « sans précédent pour la République fédérale d’Allemagne en près de 70 ans d’existence ».

« L’incompréhe­nsion et l’inquiétude seraient grandes dans notre pays, mais aussi à l’étranger, en particulie­r dans notre voisinage européen, si nos forces politiques ne faisaient pas preuve de responsabi­lité » , a ajouté le président Steinmeier.

Cet appel s’adresse aux conservate­urs, aux libéraux et aux verts, mais il vise aussi les sociaux-démocrates.

Si aucun accord pour gouverner n’est trouvé, le président fédéral devra enclencher une procédure qui s’achèvera par un scr utin anticipé. Ce processus peut prendre des mois, car aucun cadre légal n’organise le calendrier.

En ce qui concerne Mme Merkel, reste à savoir si son parti lui renouvelle­ra sa confiance en cas d’élections anticipées, qui pourraient se dérouler au printemps 2018.

Car son cap centriste et sa décision d’ouvrir les frontières à plus d’un million de migrants en 2015 sont de plus en plus contestés en interne.

« Une chancelièr­e en grand danger », estimait lundi l’hebdomadai­re Der Spiegel.

La dirigeante avait déjà remporté les législativ­es de septembre avec le pire score depuis 1949 pour son par ti conservate­ur. En cause, une hémorragie de voix vers l’extrême droite, l’AfD. Et en cas de législativ­es anticipées, au vu des sondages, c’est surtout l’AfD qui pourrait progresser après avoir déjà réussi en septembre à entrer au Bundestag.

Angela Merkel continue à payer le prix de sa politique généreuse d’accueil des migrants en 2015.

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JOHN MACDOUGALL AGENCE FRANCE- PRESSE Mme Merkel continue à payer le prix de sa politique généreuse d’accueil des migrants en 2015.

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