Wealthsimple met le cap sur l’étranger
La société torontoise, qui compte 125 employés, a mis le pied à New York et à Londres
« Nous sommes encore une nouvelle entreprise » , dit Michael Katchen. Il a raison. Wealthsimple, un service de placement en ligne, a été fondée en 2014. Mais trois ans plus tard, l’entreprise torontoise a plus d’un milliard en actifs sous gestion. « Bâtir l’équipe, les valeurs, la culture tout en construisant le modèle d’affaires… Gérer l’ampleur de notre croissance a été un défi. »
Depuis 2014, Wealthsimple, arrivée par la vague des « conseillers robots » qui s’adressent aux épargnants dans la vingtaine et trentaine, retient l’attention des grandes institutions déjà établies. La Financière Power a jusqu’ici injecté 100 millions dans la compagnie, ce qui lui a procuré une participation majoritaire. Elle met maintenant le cap sur l’Europe, en commençant par la Grande-Bretagne, après avoir ouvert un bureau aux États-Unis au début 2017.
« Trop de sociétés canadiennes se résignent à bâtir une petite société canadienne » , dit M. Katchen, cofondateur et chef de la direction, de passage dans les bureaux du Devoir lundi. « Le pays doit penser plus grand et voir les occasions qui se présentent pour bâtir de grandes sociétés internationales. Surtout en technologie et en innovation. Les frontières comptent de moins en moins. [… ] C’est difficile, mais jusqu’ici, ça va bien. » Le marché américain est plus gros, plus compétitif, ditil. Les concurrents, des géants nommés Betterment, Wealthfront et Vanguard, sont « plus rapides, plus sophistiqués ».
Le conseil robot s’inscrit dans l’émergence d’une nouvelle espèce de produits financiers reposant sur l’évolution des technologies. Le phénomène s’est également manifesté dans le domaine de l’assurance, du prêt et des paiements.
Joueur dominant
Wealthsimple occupe environ 80 % du marché dans lequel elle se trouve au Canada, celui du placement en ligne. Son modèle d’affaires, que des banques sont en voie de copier, consiste à offrir aux clients la possibilité d’investir dans une combinaison de fonds négociés en Bourse, dont les frais de gestion sont plus bas que les fonds communs. Le rééquilibrage des actifs se fait automatiquement. Contrairement à certains joueurs du marché américain, Wealthsimple offre l’accès à un être humain, une exigence que les autorités canadiennes imposent à toutes les sociétés de placement.
L’idée de Wealthsimple est venue lorsque l’entreprise californienne où travaillaient M. Katchen et des amis, 1000Memories, a été vendue. Ses amis ont reçu de l’argent et, connaissant sa passion pour l’investissement, lui ont demandé de leur proposer des façons
de faire fructifier ces sommes. Fichier Excel à l’appui, il leur a proposé des combinaisons de fonds négociés en Bourse. Ces amis sont aujourd’hui clients de Wealthsimple et employés de la compagnie. Le client moyen a lui aussi environ 35 ans, dit-il.
La présence de Power
Le premier coup de pouce de Power est venu au prin-
temps 2015, à une époque où le mot « fintech » était sur toutes les lèvres. L’entente prévoyait alors que Power injectait 10 millions dans l’entreprise en se réservant l’option d’en mettre 20 millions de plus sur 12 mois et davantage dans les trois années suivantes. À ce moment, Wealthsimple comptait environ 1000 clients, un chiffre qui s’est multiplié par 50 par la suite.
« En tant que nouvelle entreprise dans les ser vices financiers, on demandait aux gens de nous confier leur épargne. C’est gros » , dit M. Katchen, âgé de 29 ans. « Au début, les gens nous disaient “combien de clients avez- vous ?”, “combien d’actifs avez-vous ?”, “quel est votre historique ?”. On n’avait rien de ça. C’était très difficile de convaincre les gens de nous faire confiance. C’est plus facile aujourd’hui. La Banque de Montréal célèbre son 200e anniversaire. On n’a pas ça. Les gens font confiance aux banques, car elles sont grandes et vieilles. On essaie de bâtir de la confiance d’une autre façon. »