La justice américaine s’oppose à la fusion AT&T et Time Warner
Washington — La compagnie de télécommunications américaine AT& T a annoncé lundi que le ministère de la Justice s’opposait à sa fusion de quelque 85 milliards de dollars avec le groupe de média Time Warner, qui possède notamment CNN.
AT&T a qualifié de « mesure radicale et inexplicable compte tenu de décennies de législation antitr ust » cette plainte déposée par le Département. « Des fusions ver ticales comme celle- ci sont régulièrement acceptées, car elles bénéficient aux consommateurs sans amoindrir la concurrence sur le marché », a encore affirmé AT&T.
Cette fusion, annoncée en octobre 2016, a pris une dimension politique avec les critiques récemment adressées par Donald Trump à CNN qu’il qualifie de fake news. Il avait déclaré pendant la campagne électorale avant son élection il y a un an qu’il s’opposerait à cette opération censée créer un mastodonte avec plus de 142 millions d’abonnés mobiles et disposant d’un catalogue de contenus recherchés dans le sport, le cinéma et les séries télévisées et également prépondé- rant dans la vidéo en ligne.
Selon des informations de presse, les autorités de la concurrence américaines ont demandé dans le cadre des discussions avec AT&T qu’elle vende CNN pour obtenir un feu vert à la fusion. Mais son p.- d. g., Randall Stephenson, avait, dans des déclarations publiques, résolument écarté cette possibilité en af firmant le 8 novembre : « je n’ai jamais proposé de vendre CNN et n’ai aucune intention de le faire ».
Blocus
Le dépar tement américain de la Justice a donc porté plainte lundi pour tenter de bloquer ce projet de rachat du groupe de médias et de cinéma Time Warner par l’opérateur de télécommunications AT&T, qui s’est dit certain d’obtenir gain de cause. Le département américain de la Justice affirme dans sa plainte qu’AT&T, avec cette opération, serait en position d’exiger « des centaines de mil- lions de dollars de plus par an » de la part de ses concurrents dans la télévision payante pour avoir accès aux chaînes et aux films de Time Warner, souligne l’Agence Reuters.
Une telle situation se répercuterait sur le prix des abonnements des par ticuliers à la télévision payante aux ÉtatsUnis, prédit le Département. AT& T, qui espère avec cette acquisition répondre à la concurrence de nouveaux venus dans la vidéo comme Netflix ou Amazon, pourrait aussi avec cette fusion ralentir la transition vers de nouveaux modèles de distribution de contenus, ajoute le département de la Justice.
Cette initiative du Département de la justice sur le terrain judiciaire était attendue depuis que l’opérateur de télécommunications, numéro deux de la téléphonie aux États-Unis, a également rejeté sa demande sur une cession du réseau de télévision satelli- taire DirecTV ou de Turner Broadcasting, maison-mère de CNN, pour dissiper ses inquiétudes en matière de concurrence. Le directeur général d’AT&T, Randall Stephenson, a affirmé la semaine dernière que son groupe était disposé à engager une bataille juridique si le Département cherchait à bloquer ce rachat.
Cette fusion, annoncée en octobre 2016, a pris une dimension politique avec les critiques récemment adressées par Donald Trump à CNN qu’il qualifie de fake news
Empire de télécommunications
L’opérateur de télécommunications a annoncé le rachat de Time Warner en octobre 2016, fruit de sa volonté d’enrichir ses offres d’abonnement en contenus avec les chaînes de télévision comme HBO et CNN ou encore les studios de cinéma Warner Bros. Ce projet a rapidement pris une dimension politique.
Des associations de consommateurs et des réseaux de télévision de plus petite taille se sont aussi plaints de ce projet, craignant qu’il ne donne à AT&T un pouvoir excessif en matière de contenus proposés aux Américains, peut- on lire dans le texte de Reuters.