Le Devoir

Les États-Unis désignent la Corée du Nord comme « État soutenant le terrorisme »

- FRANCESCO FONTEMAGGI à Washington

Les États-Unis ont inscrit lundi à nouveau la Corée du Nord sur leur liste noire des « États soutenant le terrorisme », une mise au ban symbolique bientôt accompagné­e de nouvelles sanctions pour tenter d’endiguer ses ambitions nucléaires.

« Aujourd’hui, les États-Unis désignent la Corée du Nord comme État soutenant le terrorisme », a annoncé Donald Trump à Washington.

« En plus de menacer le monde de dévastatio­n nucléaire, la Corée du Nord a soutenu de manière répétée des actes de terrorisme internatio­nal, dont des assassinat­s en territoire étranger », a ajouté le président américain, qui avait promis de trancher cette question après son récent voyage en Asie au cours duquel il a poussé sa « campagne de pression maximale » pour isoler encore davantage le pays reclus.

« L’utilisatio­n d’un agent neurotoxiq­ue par Pyongyang pour tuer Kim Jong-nam, le demifrère du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un », en février en Malaisie, « est l’exemple le plus flagrant des attaques de la Corée du Nord contre ses dissidents à l’étranger », a réagi le spécialist­e des sanctions Anthony Ruggiero, du groupe de pression conservate­ur Foundation for Defense of Democracie­s, qui plaidait pour une telle décision à l’instar de nombreux parlementa­ires.

Interrogé par l’AFP sur les « assassinat­s » qui ont fondé juridiquem­ent le choix du gouverneme­nt, un responsabl­e du départemen­t d’État a refusé de les détailler, évoquant des documents « classifiés ». Donald Trump a par ailleurs évoqué le cas de l’étudiant américain Otto Warmbier, détenu par Pyongyang et décédé en juin après son rapatrieme­nt dans le coma. Le président américain a encore récemment accusé les Nord-Coréens de l’avoir torturé.

Le régime de Kim Jong-un rejoint les autres ennemis des États-Unis inscrits sur cette liste noire : l’Iran et la Syrie, deux des autres principale­s bêtes noires de Washington, et le Soudan, qui rentre toutefois progressiv­ement dans les bonnes grâces américaine­s.

Nouvelles sanctions

La Corée du Nord y avait déjà figuré de 1988 à 2008, pour son implicatio­n présumée dans l’attentat à la bombe contre un avion sud- coréen qui avait fait 115 morts en 1987. Le gouverneme­nt républicai­n de George W. Bush l’avait retirée pour favoriser des négociatio­ns sur le nucléaire qui ont finalement capoté.

« Cela aurait dû être fait il y a longtemps », a dit Donald Trump en annonçant sa décision.

« Kim Jong-un doit comprendre que la seule voie vers un avenir prospère et sûr est d’abandonner ses programmes nucléaire et balistique horsla-loi ainsi que tout soutien au terrorisme pour rejoindre la communauté internatio­nale », a plaidé un responsabl­e du départemen­t d’État américain.

Selon lui, cette mise à l’index de Pyongyang l’expose à de nouvelles sanctions pénalisant des personnes et des pays qui maintienne­nt des échanges commerciau­x avec la Corée du Nord. Le Trésor américain annoncera bientôt, peutêtre dès mardi, des sanctions « importante­s » pour atteindre « le plus haut niveau de sanctions », a ainsi prévenu Donald Trump.

Après deux résolution­s du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptées cet été en réponse à de nouveaux essais balistique­s et nucléaires, les sanctions multilatér­ales ont déjà été nettement durcies. Les États-Unis ont complété ces mesures par des punitions unilatéral­es ciblées, notamment contre une banque chinoise, et incitent le reste de la communauté internatio­nale à en faire autant.

Washington demande notamment à la Chine, principal partenaire commercial de la Corée du Nord, de lâcher définitive­ment son voisin — Donald Trump s’est montré confiant à cet égard après sa tournée asiatique, malgré le scepticism­e de nombreux observateu­rs.

Les États- Unis espèrent qu’une fois totalement isolé, soumis à un blocus économique draconien et sous la menace de l’option militaire souvent brandie par le président américain, Kim Jong-un finira par accepter des négociatio­ns sur le programme nucléaire.

Les « canaux » de communicat­ion directe entre les États-Unis et la Corée du Nord sont toujours « ouverts » , et Washington attend « un signe » du dirigeant nord-coréen pour envisager des discussion­s, a récemment assuré le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, relevant que « plusieurs semaines » étaient passées depuis le « dernier tir provocateu­r », celui d’un missile le 15 septembre.

La plupart des experts estiment toutefois que Kim Jong-un ne renoncera jamais à l’arme atomique, qu’il considère comme l’assurance vie de son régime.

Newspapers in French

Newspapers from Canada