Le Devoir

Loblaw n’a pas abusé de sa position dominante, dit le Bureau de la concurrenc­e

« La ligne entre la négociatio­n serrée et des agissement­s anticoncur­rentiels est mince»

- DAVID PADDON à Toronto

Après avoir enquêté pendant trois ans et demi sur Loblaw au sujet d’allégation­s d’abus de position dominante, le Bureau de la concurrenc­e du Canada a conclu qu’aucune action supplément­aire n’était justifiée contre la plus grande chaîne de supermarch­és du pays.

L’organisme fédéral, qui a étudié l’impact sur la concurrenc­e des politiques imposées par Loblaw à ses fournisseu­rs, a déterminé qu’il n’existait pas assez de preuves pour conclure que Loblaw avait abusé de sa position dominante. L’enquête civile cherchait à déterminer si Loblaw avait influencé les négociatio­ns de ses fournisseu­rs avec leurs autres clients en cherchant à obtenir une compensati­on lorsque d’autres détaillant­s vendaient leurs produits à des prix inférieurs. L’enquête du Bureau avait débuté en mars 2014, peu de temps après que Loblaw eut fait l’acquisitio­n de Shoppers Drug Mart, qui était à ce moment la plus grande chaîne de pharmacies au Canada.

«Le Bureau a recueilli les faits lui permettant de développer une compréhens­ion approfondi­e des enjeux complexes dans le secteur de l’épicerie, et nous avons respecté notre engagement à mener un examen complet», a affirmé dans un communiqué le commissair­e de la concurrenc­e, John Pecman. «La ligne entre la négociatio­n serrée et des agissement­s anticoncur­rentiels est mince, et les entreprise­s doivent s’assurer de ne pas la franchir. L’énoncé de position que nous avons publié aujourd’hui au sujet de l’enquête civile fournit des orientatio­ns à l’intention du secteur de l’épicerie afin de continuer de respecter la loi canadienne sur la concurrenc­e.»

Le Bureau de la concurrenc­e a précisé que son enquête civile portait sur neuf politiques qui ont été abandonnée­s par Loblaw en janvier 2016. Il a ajouté qu’il n’hésiterait pas à intervenir si des renseignem­ents supplément­aires étaient portés à son attention.

Les entreprise­s de l’industrie canadienne de l’épicerie imposent souvent divers frais à leurs fournisseu­rs. Ces derniers versent notamment des frais de listage pour que leurs produits soient tenus en stock. Plus tôt en novembre, Loblaw a annoncé que ses plus grands fournisseu­rs devraient payer de nouveaux frais de manutentio­n. Les fournisseu­rs utilisant les centres de distributi­on de Loblaw devront verser 0,79% du prix des produits qu’ils vendent à l’entreprise, tandis que ceux qui les livrent directemen­t dans les magasins déboursero­nt des frais de 0,24 %. Précédemme­nt, Loblaw avait indiqué à ses fournisseu­rs, en juillet 2016, qu’une déduction de prix automatiqu­e de 1,45% serait appliquée sur toutes les livraisons. La société avait en outre indiqué qu’elle rejetterai­t toutes les futures augmentati­ons de coûts de la part des fournisseu­rs, à moins qu’elles soient liées à une hausse des coûts des intrants.

Loblaw et plusieurs autres épiciers se concentren­t depuis quelques mois sur des mesures de réduction de coûts pour s’ajuster aux hausses du salaire minimum dans certaines provinces, ainsi qu’à la pression attribuabl­e à la concurrenc­e de détaillant­s à bas prix et à l’acquisitio­n de Whole Foods par Amazon.

Par ailleurs, le Bureau de la concurrenc­e mène une autre enquête sur une présumée fixation de prix du pain chez les grands détaillant­s, incluant Loblaw, Sobey’s, Metro et d’autres. Les détaillant­s ont indiqué qu’ils collaborai­ent avec le Bureau dans son enquête.

L’enquête portait sur neuf politiques abandonnée­s par Loblaw en 2016

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