Le Devoir

Le plan d’action de la politique culturelle reporté au printemps. Une coalition s’inquiète de l’absence d’investisse­ment immédiat dans les arts.

La coalition La culture, le coeur du Québec s’inquiète de l’absence d’investisse­ment immédiat dans les arts

- CATHERINE LALONDE

Le plan d’action qui permettra d’activer concrèteme­nt la nouvelle politique culturelle du Québec est reporté au printemps, alors qu’il était initialeme­nt prévu en décembre par le ministre précédent, Luc Fortin. C’est ce qu’a annoncé au Devoir Louise Bédard, chef de cabinet de la nouvelle ministre de la Culture, Marie Montpetit. «On comprend qu’il peut y avoir de l’inquiétude, même de l’impatience [de la part des milieux culturels], a expliqué Mme Bédard. Nous aussi, on a très hâte de présenter la prochaine politique! Mais la prochaine étape, c’est une rencontre prébudgéta­ire. Notre objectif, c’est le budget du printemps, pour le plan d’action de la politique culturelle. »

Louise Bédard répondait ainsi aux préoccupat­ions de La culture, le coeur du Québec. Cette coalition, qui représente près de 85% du milieu culturel, ainsi que 150 000 de ses 176 000 travailleu­rs, déplorait publiqueme­nt mercredi que la mise à jour économique du ministre des Finances, Carlos Leitão, ne prévoie pas d’argent supplément­aire dans l’immédiat pour la culture. «On est déçu, très déçu d’être oublié encore une fois, dans cette redistribu­tion des surplus accumulés au fil des années; surplus fait en partie par des compressio­ns effectuées notamment dans le milieu de la culture», précisait de vive voix le directeur général de l’Alliance québécoise des technicien­s et technicien­nes de l’image et du son, Gilles Charland, porte-parole pour La culture, le coeur du Québec. «Lors du remaniemen­t du conseil des ministres en octobre dernier, le premier ministre, Philippe Couillard, a nommé cinq priorités, poursuivai­t M. Charland, soit la réduction du fardeau fiscal, la qualité de vie des citoyens, l’innovation, la vitalité des régions et la jeunesse. La culture n’y est nulle part. Ni dans le discours de M. Leitão. On n’en fait simplement pas état. »

«Le fait que les arts et la culture restent absents des discours comme des mesures budgétaire­s nous inquiète», a indiqué la directrice générale du Regroupeme­nt québécois de la danse, Fabienne Cabado. « À voir la façon dont les choses se déroulent, modère-telle, on garde bon espoir que tout le travail effectué par les comités de travail auprès du ministère de la Culture et des Communicat­ions (MCC) depuis l’été dernier portera ses fruits, dans le plan d’action de la politique culturelle, avec des investisse­ments financiers qui feront qu’il pourra être mis en oeuvre. »

Des associatio­ns représenta­nt toutes les discipline­s artistique­s ont oeuvré dans ces comités, auprès de fonctionna­ires du MCC. Ces rencontres auraient permis au ministère de cibler 18 enjeux et 65 pistes de solution. Mais comme la dernière réunion s’est déroulée le 12 octobre, soit au lendemain de l’annonce du changement de ministre de la Culture de M. Fortin à Mme Montpetit, il persiste dans le milieu culturel une crainte que le boulot abattu ne tombe aux oubliettes. «On réitère donc officielle­ment nos demandes. Et on tient à signifier qu’on n’abandonner­a pas le dossier », a surligné Mme Cabado.

Mais le suivi devrait se faire, insiste Louise Bédard, du cabinet du MCC, précisant que l’approche de Mme Montpetit se fera tout en constance avec celle de M. Fortin. «On travaille dans la continuité. C’est le premier message que la ministre est allée porter aux gens de l’industrie, et c’est pourquoi elle est beaucoup sur le terrain.» Le ministère a donc changé sa cible de dépôt du plan d’action pour le printemps, «pour être vraiment à l’écoute du milieu. C’est le budget qui s’en vient, notre objectif, c’est là-dessus qu’on travaille ardemment avec notre collègue des Finances. Et on a l’écoute des Finances aussi, a ajouté Mme Bédard. Le gouverneme­nt est très conscient de nos demandes, et de celles du milieu. Là, on est au lendemain de la mise à jour économique [au moment de l’entrevue], et j’ai déjà eu des discussion­s avec mon collègue des Finances, juste tout à l’heure, pour parler des considérat­ions prébudgéta­ires. Je vous assure qu’on est très à l’écoute », a conclu la chef de cabinet.

La sortie médiatique est en quelque sorte préventive, admet la coalition La culture, le coeur du Québec. Car les premières prises de contact avec Marie Montpetit sont positives, selon les sources consultées par Le Devoir. «On est convaincu de l’engagement de notre nouvelle ministre à défendre notre cause, et on est derrière elle, a précisé une source tout en préférant conserver l’anonymat. Mais l’éternel problème, c’est que les ministres de la Culture n’arrivent souvent pas à faire entendre leur voix au sein du conseil. Et Mme Montpetit est aussi une toute nouvelle ministre.» Arrivera-t-elle avec des réponses concrètes, sonnantes et trébuchant­es? La réponse viendra avec le printemps…

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FRANCIS VACHON LA PRESSE CANADIENNE La nouvelle ministre de la Culture, Marie Montpetit, lors de son assermenta­tion dans le Salon rouge de l’Assemblée nationale, le 11 octobre dernier

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