Le Devoir

Artefacts déménagés par Ottawa : Québec espère encore

- JEAN-FRANÇOIS NADEAU

Agnès Maltais, la critique en matière de culture du Parti québécois, estime que la volonté de Parcs Canada de déménager ses collection­s d’artefacts historique­s et archéologi­ques dans un seul bâtiment situé près de la capitale fédérale a quelque chose de dramatique.

Un cas «de dépossessi­on tranquille», dit-elle. «On se fait déposséder et en silence! Pourtant, il y a eu une motion unanime de l’Assemblée nationale le 23 février pour dénoncer cette volonté de centralise­r les artefacts dans la région de la capitale fédérale. »

Elle se demande comment la ministre actuelle «a pu perdre cette bataille malgré un appui unanime de l’Assemblée nationale». Selon elle, « il faut vite que la voix du Québec se fasse entendre, plus forte», dans ce dossier.

Louise Bédard, la chef de cabinet de la ministre Marie Montpetit, affirme que la ministre de la Culture et des Communicat­ions partage la position de son prédécesse­ur, qui avait dénoncé dans une lettre ce projet de centralisa­tion du fédéral. « On essaie de voir. Du côté administra­tif, il y a encore des discussion­s, dit-elle. On continue sur la même lancée. »

Décision maintenue

Ottawa a l’intention d’aller de l’avant avec son projet de centralisa­tion des artefacts. La porteparol­e du ministère de l’Environnem­ent et du Changement climatique, de qui relève Parcs Canada, évite de commenter l’insatisfac­tion que suscite cette décision.

Elle a répété au Devoir la position officielle de son agence, à savoir que «Parcs Canada continuera de travailler avec les institutio­ns culturelle­s et éducatives pour rendre accessible­s les objets historique­s et archéologi­ques de sa collection», même avec le regroupeme­nt des collection­s.

À Québec, un projet de loger les artefacts archéologi­ques dans l’ensemble des Nouvelles-Casernes, au coeur du parc de l’Artillerie, a suscité des discussion­s. Mais, malgré des appuis variés à ce projet, des échanges entamés avec le bureau de la ministre fédérale Catherine McKenna se sont révélés sans suite.

Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, trouve désolant que le gouverneme­nt fédéral prive de la sorte les régions de leur histoire, tout en regrettant que le gouverneme­nt de Justin Trudeau poursuive une politique lancée par son prédécesse­ur. «Ce n’est pas la première fois que le gouverneme­nt Trudeau poursuit les mêmes politiques du gouverneme­nt Harper. C’est très navrant », a-t-il déclaré au Devoir.

Pour le muséologue Philippe Dubé, de l’Université Laval, la situation particuliè­re de Parcs Canada explique que les collection­s dont elle a la charge se retrouvent aujourd’hui orphelines. Puisque l’agence n’est pas structurée comme un musée, «comme on le voit parfaiteme­nt illustré dans ce cas-ci », ses collection­s deviennent à la merci de décisions qui sont le plus souvent administra­tives.

Cette logique chiffrée finit par imposer ses règles quand les enjeux patrimonia­ux se situent hors du cadre institutio­nnel qui en a habituelle­ment la charge, c’est-à-dire les musées, les bibliothèq­ues, les archives.

Gabriel Nadeau-Dubois trouve désolant qu’Ottawa prive les régions de leur histoire

Newspapers in French

Newspapers from Canada