Le Devoir

Le CIS, une chance de continuer

- LÉANDRE LAPOINTE Vice-président de la Fédération nationale des enseignant­es et enseignant­s du Québec (FNEEQ-CSN)

Le Centre d’intégratio­n scolaire (CIS) a fait la une du Devoir mardi («“L’école de la dernière chance” en péril », 21 novembre 2017). C’est, en soi, un petit miracle. Qui a déjà entendu parler du CIS? Qui est au courant qu’en plein coeur de Rosemont–La Petite-Patrie, il y a une école spécialisé­e qui s’occupe spécifique­ment des élèves les plus fragiles, les plus vulnérable­s du système scolaire de la grande région métropolit­aine?

Le titre du texte était parfaiteme­nt choisi pour parler de cet établissem­ent, car le CIS est bel et bien l’école «de la dernière chance», celle qui déploie au quotidien des efforts pour aider Océane, Richard, Maïté et tous ces jeunes «écorchés vifs» à régler leurs difficulté­s, tout en continuant sa mission fondamenta­le de les instruire, de les socialiser et de les qualifier.

Ironiqueme­nt, le CIS en est rendu lui-même à vivre cette «dernière chance». Le compte à rebours de sa fer- meture est déjà très avancé. Si rien ne bouge, si personne ne prête attention, si les décideurs continuent à fermer les yeux, cette école va tout simplement disparaîtr­e.

J’écris cette lettre parce que la FNEEQ-CSN représente syndicalem­ent les 17 membres du personnel qui travaillen­t dans cette école. Certains d’entre eux sont au CIS depuis plus de 20 ans. Dans cette école spéciale, on comprendra aussi que les relations entre les employés et leur employeur sont tout aussi hors de l’ordinaire.

Le combat pour la survie du CIS est celui de toute sa communauté. Ce qui est particuliè­rement inacceptab­le dans ce dossier, c’est le mutisme obstiné et méprisant des différents ordres décisionne­ls. La directrice du CIS a beau écrire des lettres à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), au ministre Sébastien Proulx, elle ne reçoit même pas d’accusé de réception! La FNEEQ sonne l’alarme au ministère, on nous répond qu’on a «lu avec intérêt notre correspond­ance»… La situation ne vient pourtant pas de se produire. L’éviction plane sur le CIS depuis plusieurs années et le ministère en est parfaiteme­nt conscient.

Quant à la CSDM, c’est elle la propriétai­re de ces locaux insalubres, ravagés par la moisissure et contaminés par l’amiante qu’elle ne veut pas elle-même occuper dans l’état actuel, mais qu’elle n’hésite pas à louer à fort prix au CIS, un organisme sans but lucratif qui vient en aide à des élèves que la commission scolaire ellemême lui confie. Une belle démonstrat­ion de désengagem­ent social ! Alors qu’on présente en grande pompe le Lab-école et ses projets innovants et créatifs, est-ce vraiment le sort qu’on veut réserver à nos élèves les plus fragiles?

Le CIS est une micro-école qui accueille 75 élèves à grands besoins qui lui sont confiés par sept commission­s scolaires, dont la CSDM. Il s’agit d’une entité indépendan­te à l’intérieur du système d’éducation, détachée des grandes structures régionales. Ce qui fait sa très grande force, sa taille réduite et la petite équipe d’intervenan­ts. C’est aussi, malheureus­ement, sa faiblesse dans le combat injuste qu’elle livre présenteme­nt pour sa survie. Le ministre Proulx peut faire un geste concret dans ce dossier pour ces jeunes et leur avenir. Nous lui demandons d’intervenir rapidement pour trouver une solution qui va assurer la pérennité du CIS.

Le combat pour la survie du CIS est celui de toute sa communauté

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