Le Devoir

Zimbabwe: Mnangagwa salue l’aube d’une « nouvelle démocratie »

De retour au pays, l’ex-fidèle du président a salué l’arrivée d’une « nouvelle démocratie »

- SUSAN NJANJI REAGAN MASHAVAVE à Harare

Le nouvel homme fort du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a salué mercredi le début d’une «nouvelle démocratie » dans son pays au lendemain de la démission historique du président Robert Mugabe, dont il s’apprête à prendre la délicate succession.

Quelques heures après son retour d’un bref exil sud-africain, M. Mnangagwa a réservé son premier discours public de futur président à quelques centaines de partisans enthousias­tes réunis devant le siège du parti au pouvoir, la Zanu-PF. «Aujourd’hui, nous sommes les témoins du début d’une nouvelle démocratie», a-t-il lancé, avant d’appeler «tous les patriotes du Zimbabwe […] à travailler ensemble ».

Selon le scénario écrit par la Zanu-PF, l’ex-vice-président déchu doit prendre officielle­ment les rênes du pays vendredi, selon le président de l’Assemblée, Jacob Mudenda.

Âgé de 75 ans, le «crocodile» — surnommé ainsi pour son caractère inflexible — tient sa revanche. Fidèle de l’ancien président et de son régime, ce héros de la guerre d’indépendan­ce, plusieurs fois ministre, avait été sèchement remercié le 6 novembre dernier, sur injonction de la première dame Grace Mugabe, à qui il barrait la route de la succession de son mari.

Il avait alors quitté le pays pour des raisons de sécurité. Son éviction a provoqué dans la nuit du 14 au 15 novembre un coup de force de l’armée, catégoriqu­ement opposée à l’arrivée au pouvoir de Mme Mugabe.

Une population pleine d’espoirs

Après avoir résisté plusieurs jours, Robert Mugabe a finalement rendu les armes mardi alors qu’il était sous la menace d’une procédure de destitutio­n lancée par son propre parti. « Ma décision de démissionn­er est volontaire. Elle est motivée par ma préoccupat­ion pour le bien-être du peuple du Zimbabwe et mon souhait de permettre une transition en douceur, pacifique et non violente», a écrit M. Mugabe dans sa lettre de démission.

Robert Mugabe a laissé derrière lui une économie en piteux état, détruite par ses réformes dévastatri­ces. L’activité y tourne au ralenti, l’argent manque, le chômage frappe 90 % de la population et le spectre de l’hyperinfla­tion rôde. «Nous voulons relancer notre économie, nous voulons des emplois», a promis M. Mnangagwa dans son discours.

Pas d’emballemen­t

Pilier de l’appareil sécuritair­e zimbabwéen depuis quatre décennies, M. Mnangagwa s’est signalé comme le fidèle exécuteur des basses besognes de Robert Mugabe. «Des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, ont disparu ou ont été tuées» sous l’ère Mugabe, a insisté Amnesty Internatio­nal, appelant le pays à «renoncer aux abus du passé ».

Aucun détail des négociatio­ns qui ont abouti à la chute de Robert Mugabe n’a filtré mercredi dans la presse locale, qui s’est contentée de saluer son départ à grands coups de titres-chocs tels que «Adios Bob» ou «Adieu camarade président». Exil dans un pays «ami» ou retraite dorée au Zimbabwe? Le sort de l’ex-couple présidenti­el restait mercredi toujours mystérieux. En lui retirant la présidence du parti dimanche, la Zanu-PF avait privilégié la première option. «Il mérite du repos», avait indiqué le porte-parole du mouvement, Simon Khaye Moyo, «mais je crois qu’il a dépassé les limites de l’hospitalit­é de la population ».

Le départ en douceur de Robert Mugabe, dernier dirigeant issu des guerres anticoloni­ales, a été salué dans les pays africains, où il disposait toujours de son aura de «libérateur».

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Emmerson Mnangagwa

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