Mylo, l’application qui fait fructifier votre monnaie
La « fintech » montréalaise veut encourager l’épargne chez les jeunes
Le Québec regorge d’entrepreneurs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnaires, dont les ambitions pourraient transformer votre quotidien. Aujourd’hui, un jeune Bostonien qui veut aider les Canadiens à épargner, un café à la fois.
Quelques centaines d’années avant Jésus-Christ, la légende veut qu’un athlète du nom de Milon se soumît à un entraînement hors du commun. Chaque jour, il gravissait une montagne en portant sur son dos un petit veau, qui finit par devenir adulte. La discipline de Milon, qui gagna en force à chaque ascension, lui valut plusieurs titres olympiques.
On ne sait pas ce qui est réellement advenu de ce légendaire Milon (Milo en anglais), mais son histoire a inspiré une jeune entreprise dont le produit était inimaginable à l’époque de l’Anti- quité. Mylo, une « fintech» montréalaise fondée il y a un an et demi, permet aux Canadiens d’épargner sans s’en rendre compte grâce une application mobile qui investit leur petite monnaie.
«On veut que les gens deviennent des champions olympiques de l’épargne», illustre le fondateur de l’entreprise, Philip Barrar.
Gestionnaire efficace
Arrivé de Boston en 2008 pour étudier en administration à l’Université Concordia, Philip prévoyait initialement de retourner aux États-Unis. Mais près de dix ans plus tard, il est à Montréal pour y rester. Après avoir fondé deux entreprises, il a eu l’idée de créer Mylo en s’appuyant d’abord sur son expérience personnelle.
«Mes amis obtenaient des emplois chez Google ou dans des agences de marketing et, comme entrepreneur, si je voulais avoir le même rythme de vie qu’eux, je devais trouver le moyen d’économiser, raconte-t-il. Je suis devenu très doué avec mon argent. J’aidais ma mère à renégocier son hypothèque ou mes amis à renouveler leur contrat de téléphone. Je suis devenu la personne à laquelle les gens demandaient de l’aide. »
Au même moment, il a constaté que les Canadiens ont beaucoup de mal à épargner et que la situation est particulièrement préoccupante chez les plus jeunes. Avant de fonder Mylo, il a mené un vaste sondage auprès de 10 000 Canadiens pour comprendre leurs habitudes financières et leurs besoins. Six mois plus tard, en février 2016, il avait entre les mains la compagnie qui, espèret-il, deviendra sous peu la plus importante «fintech» au pays.
Petit à petit
Avec Mylo, chaque sou compte. Une fois liée à vos cartes de crédit et de débit, l’application arrondit chacune de vos transactions au dollar supérieur. Pour un café qui vous coûte 2,35 $, 65 cents sont par exemple versés dans votre compte Mylo.
L’argent amassé graduellement dans ce compte est investi par le gestionnaire montréalais de fonds privés Tactex selon votre tolérance au risque. Vous pouvez également effectuer des versements de manière ponctuelle ou régulière.
Et mis à part les frais de gestion des fonds négociés en bourse — qui sont parmi les plus bas sur le marché, selon Mylo —, il n’en coûte qu’un dollar par mois pour avoir un compte, peu importe la quantité d’argent que vous y versez.
« Une des raisons pour lesquelles les gens n’économisent pas, c’est parce qu’ils ne savent pas par où commencer. Ils pensent qu’ils ont besoin d’un gros montant pour débuter, affirme Philip Barrar. En permettant d’épargner par l’entremise d’une application mobile, sans avoir à appeler un conseiller et en instaurant un frais fixe, nous éliminons toutes les craintes et les incertitudes liées à l’investissement traditionnel. »
Éliminer les frictions
Depuis le lancement officiel de l’application pour le système d’exploitation iOS en juin dernier, «plusieurs milliers» d’utilisateurs ont créé un compte Mylo, soutient la compagnie sans donner de chiffres précis. La croissance mensuelle du nombre d’utilisateurs est dans les deux chiffres et le lancement officiel de la version Androïd d’ici la fin de l’année devrait permettre d’accélérer la cadence.
Comme prévu, la plateforme attire surtout de jeunes adultes — l’utilisateur moyen a 29 ans et gagne 50 000dollars par année —, mais elle séduit également des étudiants, des parents et des personnes plus âgées.
Tous ces utilisateurs auraient pu faire un virement hebdomadaire dans le compte épargne de leur banque et arriver à un résultat semblable, admet Philip. Le problème, dit-il, c’est que les manières traditionnelles d’épargner sont trop peu utilisées.
«Il y a beaucoup de frictions avec les solutions existantes. Mylo a éliminé toutes ces frictions. »