Le Devoir

JOHNNY HALLYDAY EST MORT

- Avec l’Agence France-Presse et La Presse canadienne

Il est mort. Johnny Hallyday, le plus populaire des rockeurs français, la plus grande rock star que la France ait jamais connue, a rendu son dernier souffle dans la nuit de mardi à mercredi à 74 ans.

Un souffle qui a porté durant 60 ans cette légende de la chanson française, un souffle devenu de plus en plus rauque dans les derniers mois. C’est un cancer du poumon qui a emporté l’idole aux 110 millions de disques vendus, «Johnny», comme on l’appelle affectueus­ement dans l’Hexagone.

C’est son épouse, Laeticia, qui a confirmé sa mort à la presse durant la nuit de Paris, en soirée à Montréal. «Johnny Hallyday est parti. J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité», écrit-elle dans un communiqué.

On le savait affaibli. La panique s’était même emparée de ses fans, des rumeurs de sa mort circulant sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Il avait été hospitalis­é le 13 novembre pour insuffisan­ce respiratoi­re, mais son état s’était stabilisé par la suite.

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De Johnny Hallyday nous n’oublierons ni le nom, ni la gueule, ni la voix, ni surtout les interpréta­tions, qui, avec ce lyrisme brut et sensible, appartienn­ent aujourd’hui pleinement à l’histoire de la chanson française Le président français, Emmanuel Macron

Artiste à succès

Il a donné au répertoire français de très grands succès, devenus des classiques, comme Le pénitencie­r (1964), Noir, c’est noir (1966), Que je t’aime (1969), J’ai oublié de vivre (1977) ou Ma gueule (1979). Il nous laisse aussi le duo J’ai un problème (1973), avec Sylvie Vartan, sa conjointe pendant une vingtaine d’années, jusqu’en 1980. Johnny a aussi touché au blues avec notamment Toute la musique que j’aime (1973). Le taulier aura enregistré dans une carrière pratiqueme­nt ininterrom­pue une cinquantai­ne d’albums réalisés en studio, et une trentaine d’autres enregistré­s en spectacle.

Détecté dans les poumons de la star en novembre 2016, le cancer aura terrassé en un an celui que tous ses fans croyaient invincible.

Il n’y avait plus trop d’espoir, ces derniers jours, après son hospitalis­ation pour détresse respiratoi­re il y a un mois. Après six jours passés dans une clinique parisienne, Johnny Hallyday avait décidé de rentrer à son domicile de Marnes-la-Coquette, à l’ouest de Paris, et depuis Laeticia n’avait plus communiqué via les réseaux sociaux.

«On a tous quelque chose en nous de Johnny» a réagi le président français, Emmanuel Macron, dans un communiqué publié par l’Élysée, alors que les hommages affligés déferlaien­t en ligne.

Le chanteur «au regard d’acier » interpréte­ra d’abord, au tournant des années 1960, des versions américaine­s de chansons country et de succès rock, puis jonglera avec le yéyé des années 1960, avant de forger sa propre identité, unique, de « rockeur français pop ».

Enfant du cabaret

Johnny Hallyday est né Jean-Philippe Smet, à Paris, le 15 juin 1943. Élevé par sa tante et ses cousines, il grandira dans le milieu du cabaret, ce qui le pousse très jeune sur scène. Après des reprises de succès américains, et après les années yéyé, il tente dans les années 1970 un virage audacieux avec un spectacle multidisci­plinaire, le «Johnny Circus », qui connaîtra un échec cuisant.

Il reviendra par la suite à ce qu’il fait de mieux: du «rock américain» à la sauce française : ce sera notamment «J’ai oublié de vivre» (1977). Johnny a aussi participé à la bande sonore du film «L’aventure c’est l’aventure » (1972) de Claude Lelouch, dans lequel il interprète son propre rôle. Le chanteur a d’ailleurs joué dans une quarantain­e de films, interpréta­nt souvent son propre rôle, notamment dans «Jean-Philippe» (2006), avec Fabrice Luchini.

En 1985, sa carrière chancelant­e prend un nouvel essor grâce à sa rencontre avec Michel Bergé, qui donnera notamment Quelque chose de Tennessee (Williams), sur le 34e album en studio de Hallyday, Rock’n’Roll Attitude.

Puis, le parolier Jean-Jacques Goldman, qui a fait un malheur avec Céline Dion, se joint à l’aventure Hallyday. Il annonce son retrait de la scène en 2010, après sa tournée Route 66, interrompu­e par quelques ennuis de santé. Mais la bête de scène ne prise pas la semi-retraite annoncée, et Johnny parvient à sortir deux nouveaux albums, en plus de partir en tournée à plusieurs reprises jusqu’en 2016.

En 1996, à 53 ans, Johnny avait épousé un mannequin français de 21 ans, Laeticia Boudou. Le couple a adopté deux petites Vietnamien­nes en 2004 et 2008.

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JACQUES GRENIER LE DEVOIR Johnny Hallyday, véritable monstre du rock français, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à 74 ans, des suites d’un cancer du poumon.
 ?? EMMANUEL DUNAND AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Johnny Hallyday en spectacle au Beacon Theatre de New York le 7 octobre 2012. Le rockeur souffrait d’un cancer des poumons.
EMMANUEL DUNAND AGENCE FRANCE-PRESSE Johnny Hallyday en spectacle au Beacon Theatre de New York le 7 octobre 2012. Le rockeur souffrait d’un cancer des poumons.

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