Décevante partialité
Que de déception à la lecture du texte «Le prix du passé» d’Hélène Buzzetti portant sur les récentes excuses du gouvernement canadien à des victimes de tortures, aux autochtones de Terre-Neuve et à la communauté LGBTQ2. Était-ce une chronique d’opinion ou un article d’information? Les trois intervenants cités sont en désaccord avec les excuses. Pourquoi ne pas avoir tenté d’équilibrer les points de vue? La citation en exergue est provocatrice, peu respectueuse et d’un intérêt douteux : « On est en train de créer des gens qui sont des moumounes. […]». Et le choix des sous-titres ne constitue-t-il pas aussi un manque d’impartialité journalistique?
Qu’y a-t-il de malsain à admettre que le manque de respect de l’intégrité humaine fut une erreur et que cela mérite des excuses? On ne parle pas de faits survenus il y a si longtemps; plusieurs des personnes concernées sont encore vivantes. Elles ont subi de très graves préjudices de la part de l’État canadien et ces excuses constituent une reconnaissance de leur appartenance à la société. Qu’on discute de l’impact et de la signification de ces excuses et des dédommagements qui les accompagnent, très bien. Mais qu’on le fasse de façon si partiale et avec une telle mauvaise foi, c’est vraiment décevant de la part du Devoir. Geneviève Savard Le 4 décembre 2017
Réponse de la journaliste
Mme Savard, vous déplorez le manque d’équilibre et la partialité de l’article, mais vous oubliez que l’équilibre ne se mesure pas à l’aune d’un seul article. Il faut prendre en compte l’entièreté de la couverture, et Le Devoir a amplement donné la parole aux groupes marginalisés et aux tenants des excuses publiques à leur endroit. Lorsqu’Ottawa a offert ses excuses officielles aux autochtones pour les pensionnats, Le Devoir a publié un texte de manchette, un article dans le cahier Perspectives, une revue de presse, une chronique, un éditorial ainsi que de nombreux textes dans la page Idées sur le sujet. Le Devoir est revenu à la charge à l’automne 2015 lorsque la Commission de vérité et réconciliation a déposé son rapport, qui abordait le même sujet. Le Devoir a aussi rapporté les indemnisations offertes aux enfants victimes de la rafle des années 1960 en donnant la parole à certains d’entre eux. Et il a couvert les excuses officielles offertes aux gais. Dans aucun de ces textes n’ai-je lu de voix discordantes qui auraient exprimé un malaise par rapport aux montants versés ou qui se seraient interrogées sur cette pratique de poser un regard contemporain sur le passé. Qu’on donne une seule fois, dans un seul texte, la parole à ces voix discordantes m’apparaît, moi, comme une façon de rétablir un peu l’équilibre.