Le Devoir

Donald Trump va reconnaîtr­e Jérusalem comme capitale d’Israël

- JÉRÔME CARTILLIER à Washington

Donald Trump annoncera mercredi qu’il reconnaît Jérusalem comme la capitale d’Israël, à rebours de décennies de prudence américaine sur ce dossier et en dépit des mises en garde des dirigeants de la région qui redoutent une flambée de violence.

L’annonce du président américain, prévue à 13h00 (18h00 GMT), pourrait faire capoter les efforts de paix de son gendre et conseiller Jared Kushner, chargé de trouver une issue au conflit, défi face auquel tous les prédécesse­urs de M. Trump ont échoué.

Toute reconnaiss­ance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un casus belli pour les dirigeants palestinie­ns, qui estiment que Jérusalem-Est, annexée par Israël en 1967, doit être la capitale de l’État auquel ils aspirent et que le statut de la ville ne peut être réglé que dans le cadre d’un accord de paix.

«Le 6 décembre 2017, le président Trump reconnaîtr­a Jérusalem comme la capitale d’Israël», a indiqué un responsabl­e du gouverneme­nt sous couvert d’anonymat, mettant en avant la «reconnaiss­ance d’une réalité» à la fois historique et contempora­ine.

Le locataire de la MaisonBlan­che ordonnera par ailleurs de préparer le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Il ne fixera cependant pas de calendrier pour ce déménageme­nt, qui devrait prendre «des années», avec la nécessité de trouver un site, de financer et de construire un nouveau lieu.

«Le président tient une promesse centrale de sa campagne, promesse qui avait été faite par nombre de candidats à la présidenti­elle», a indiqué ce responsabl­e américain.

À l’appui de son raisonneme­nt, l’exécutif souligne que retarder la reconnaiss­ance de Jérusalem comme capitale « n’a, pendant plus de deux décennies, en rien aidé pour arriver à la paix». Si le président reste déterminé «à aboutir à un accord de paix durable» entre Israéliens et Palestinie­ns et est « optimiste » sur les chances d’y parvenir, l’équation s’annonce désormais redoutable­ment compliquée.

Au cours d’un échange téléphoniq­ue mardi, le président palestinie­n, Mahmoud Abbas, a mis en garde M. Trump contre les « conséquenc­es dangereuse­s d’une telle décision sur le processus de paix, la sécurité et la stabilité dans la région et dans le monde ».

Les appels contre une telle décision aux conséquenc­es imprévisib­les sont tombés en cascade au cours des 24 dernières heures.

Le roi Salmane d’Arabie saoudite a averti Washington qu’une telle décision risquait de provoquer «la colère des musulmans». «C’est un pas dangereux», a dit le roi saoudien, selon la télévision d’État

al-Ekhbariya.

«M. Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans», a averti le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Président en exercice de l’Organisati­on

de la coopératio­n islamique, il a précisé qu’un sommet des 57 pays membres se tiendrait « dans les 5 à 10 jours» si Washington reconnaiss­ait Jérusalem comme capitale

d’Israël.

La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a mis en garde contre «une démarche aux conséquenc­es graves» et les risques d’«escalade». En Europe, nombre de voix se sont élevées. Le président français, Emmanuel Macron, a exprimé sa «préoccupat­ion». «Tout ce qui contribue à attiser la crise est contre-productif en ce moment», a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel.

La question est la même tous les six mois depuis plus de deux décennies: le président américain accepte-t-il de déménager l’ambassade des ÉtatsUnis en Israël vers Jérusalem, comme le prévoit une loi adoptée en 1995, ou signe-t-il une dérogation pour la maintenir à Tel-Aviv, à l’instar du reste de la communauté internatio­nale?

Concrèteme­nt, M. Trump signera une nouvelle fois cette dérogation, car la nouvelle ambassade ne sera pas prête avant plusieurs années, a souligné la Maison-Blanche. Mais il demandera au départemen­t d’État de préparer le transfert. Preuve de la tension que l’attente de cette décision suscite dans la région, les États-Unis ont interdit aux employés du gouverneme­nt américain tout déplacemen­t personnel dans la Vieille ville de Jérusalem.

Cette interdicti­on vaut également pour la Cisjordani­e, territoire palestinie­n occupé par Israël et contigu à Jérusalem, a précisé le départemen­t d’État. Seuls les déplacemen­ts officiels «essentiels», assortis de mesures de sécurité supplément­aires, sont autorisés.

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THOMAS COEX AGENCE FRANCE-PRESSE Le président américain ordonnera par ailleurs de préparer le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.

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