Desjardins recommence à investir dans les énergies fossiles
Le Mouvement Desjardins met fin au moratoire temporaire sur le financement des projets de pipelines et entend maintenir son soutien au projet Trans Mountain, de Kinder Morgan. L’institution dit toutefois vouloir «jouer un rôle proactif face au défi que représentent les changements climatiques», tout en poursuivant ses investissements dans les énergies fossiles.
Le Devoir révélait en juillet que le Mouvement Desjardins avait décidé de décréter un moratoire sur le financement des projets de pipelines d’exportation des sables bitumineux, dans la foulée de la controverse soulevée par son prêt de 145 millions à Kinder Morgan pour la réalisation du projet Trans Mountain.
L’institution phare du secteur financier québécois avait alors dit vouloir «évaluer» sa participation dans ce type de projets et mettre en place une «politique globale » concernant ces projets controversés.
Mercredi, Desjardins a donc annoncé la mise en place de «pratiques» pour améliorer le bilan environnemental de ses opérations et de ses investissements. L’institution prévoit ainsi d’investir dans des projets d’énergie renouvelable, mais aussi de diminuer l’empreinte carbone de son portefeuille sur les marchés publics.
Énergies fossiles
Il n’est toutefois pas question de tourner le dos aux énergies fossiles, un secteur où les investissements de Desjardins s’élèvent à 6,5 milliards de dollars, selon ce qu’a fait valoir M. Cormier en entrevue à La Presse canadienne. «
Nous avons encore plein de nos membres et entreprises qui utilisent du pétrole pour faire vivre l’économie, a-t-il dit. Cela peut paraître intéressant de prendre une décision radicale, mais nos membres et la population n’ont pas encore pris cette décision. »
«Il ne faut pas oublier que l’on parle de transition. Le pétrole demeurera nécessaire pour de nombreuses applications pendant encore plusieurs années, et de nombreux membres et entreprises de Desjardins utilisent du pétrole pour faire vivre l’économie», a aussi précisé au Devoir la porte-parole de Desjardins, Chantal Corbeil.
L’institution met du même coup un terme à son moratoire temporaire sur le financement des projets de pipelines.
«Ce moratoire est remplacé par les critères que nous mettons en place, a expliqué M. Cormier. Il n’y a pas de moratoire dans le secteur énergétique. Il y a de nouveaux critères, rigoureux, qui vont s’appliquer à tous les secteurs. »
Désinvestissement
L’institution prévoit investir dans des projets d’énergie renouvelable
Desjardins a ainsi annoncé mercredi qu’en vue de futurs investissements dans les secteurs pétroliers et gaziers, des critères seront pris en compte «afin de favoriser une finance qui respecte l’environnement et les collectivités».
Cet engagement ne va toutefois pas aussi loin que chez d’autres institutions financières internationales, comme la banque française BNP Paribas, qui compte cesser de financer des projets liés au pétrole des sables bitumineux.
Le mois dernier, dans le cadre de la conférence de l’ONU sur le climat (COP23), le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pour sa part mis en garde contre la poursuite des investissements dans les énergies fossiles.