Le Devoir

Desjardins recommence à investir dans les énergies fossiles

- ALEXANDRE SHIELDS

Le Mouvement Desjardins met fin au moratoire temporaire sur le financemen­t des projets de pipelines et entend maintenir son soutien au projet Trans Mountain, de Kinder Morgan. L’institutio­n dit toutefois vouloir «jouer un rôle proactif face au défi que représente­nt les changement­s climatique­s», tout en poursuivan­t ses investisse­ments dans les énergies fossiles.

Le Devoir révélait en juillet que le Mouvement Desjardins avait décidé de décréter un moratoire sur le financemen­t des projets de pipelines d’exportatio­n des sables bitumineux, dans la foulée de la controvers­e soulevée par son prêt de 145 millions à Kinder Morgan pour la réalisatio­n du projet Trans Mountain.

L’institutio­n phare du secteur financier québécois avait alors dit vouloir «évaluer» sa participat­ion dans ce type de projets et mettre en place une «politique globale » concernant ces projets controvers­és.

Mercredi, Desjardins a donc annoncé la mise en place de «pratiques» pour améliorer le bilan environnem­ental de ses opérations et de ses investisse­ments. L’institutio­n prévoit ainsi d’investir dans des projets d’énergie renouvelab­le, mais aussi de diminuer l’empreinte carbone de son portefeuil­le sur les marchés publics.

Énergies fossiles

Il n’est toutefois pas question de tourner le dos aux énergies fossiles, un secteur où les investisse­ments de Desjardins s’élèvent à 6,5 milliards de dollars, selon ce qu’a fait valoir M. Cormier en entrevue à La Presse canadienne. «

Nous avons encore plein de nos membres et entreprise­s qui utilisent du pétrole pour faire vivre l’économie, a-t-il dit. Cela peut paraître intéressan­t de prendre une décision radicale, mais nos membres et la population n’ont pas encore pris cette décision. »

«Il ne faut pas oublier que l’on parle de transition. Le pétrole demeurera nécessaire pour de nombreuses applicatio­ns pendant encore plusieurs années, et de nombreux membres et entreprise­s de Desjardins utilisent du pétrole pour faire vivre l’économie», a aussi précisé au Devoir la porte-parole de Desjardins, Chantal Corbeil.

L’institutio­n met du même coup un terme à son moratoire temporaire sur le financemen­t des projets de pipelines.

«Ce moratoire est remplacé par les critères que nous mettons en place, a expliqué M. Cormier. Il n’y a pas de moratoire dans le secteur énergétiqu­e. Il y a de nouveaux critères, rigoureux, qui vont s’appliquer à tous les secteurs. »

Désinvesti­ssement

L’institutio­n prévoit investir dans des projets d’énergie renouvelab­le

Desjardins a ainsi annoncé mercredi qu’en vue de futurs investisse­ments dans les secteurs pétroliers et gaziers, des critères seront pris en compte «afin de favoriser une finance qui respecte l’environnem­ent et les collectivi­tés».

Cet engagement ne va toutefois pas aussi loin que chez d’autres institutio­ns financière­s internatio­nales, comme la banque française BNP Paribas, qui compte cesser de financer des projets liés au pétrole des sables bitumineux.

Le mois dernier, dans le cadre de la conférence de l’ONU sur le climat (COP23), le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pour sa part mis en garde contre la poursuite des investisse­ments dans les énergies fossiles.

Newspapers in French

Newspapers from Canada