Le Devoir

Russie: Vladimir Poutine candidat pour un 4e mandat en 2018

S’il est élu, il deviendrai­t le dirigeant russe à la plus longue longévité au pouvoir après Joseph Staline

- MAXIME POPOV MARIA PANINA à Moscou

Vladimir Poutine a annoncé mercredi qu’il se présentera­it pour un quatrième mandat à l’élection de mars 2018, ce qui, en cas de victoire, le placerait à la tête du pays jusqu’en 2024 et ferait de lui le dirigeant russe à la plus longue longévité au pouvoir après Joseph Staline.

Cette annonce très attendue met fin à des mois de suspense et de tergiversa­tions du Kremlin sur les intentions de M. Poutine, aux commandes du pays depuis plus de 17 ans et donc en voie de briguer un nouveau mandat de six ans.

«J’annonce ma candidatur­e au poste de président de la Russie », a déclaré M. Poutine, 65 ans, lors d’une rencontre avec les ouvriers d’une usine à Nijni Novgorod, sur la Volga, retransmis­e en direct à la télévision.

«La Russie va continuer d’aller de l’avant. Et dans ce mouvement en avant, personne ne l’arrêtera jamais», a-t-il lancé, alors que les relations entre Moscou et l’Occident sont au plus bas depuis la fin de la guerre froide en raison de la crise ukrainienn­e, du conflit en Syrie et du scandale de dopage institutio­nnalisé visant les sportifs russes.

Arrivé au pouvoir en 2000 dans un pays au pouvoir instable et à l’économie chancelant­e, M. Poutine est loué par nombre de ses concitoyen­s pour avoir été l’homme de la stabilité et d’une nouvelle prospérité, grâce notamment à une manne pétrolière.

Nommé premier ministre par le président Boris Eltsine en 1999, il a engagé la même année la deuxième guerre de Tchétchéni­e, à la suite d’une vague d’attentats sanglants.

Cette guerre sera le fondement de sa popularité en Russie et à l’origine de son image d’homme à poigne qui n’a pas peur des décisions difficiles.

Il s’est également employé à restaurer l’influence de son pays dans le monde, en endossant les habits de restaurate­ur de la «grande Russie » avec l’annexion en 2014 de la péninsule ukrainienn­e de Crimée, vivement dénoncée par l’Occident, et en changeant la donne du conflit syrien avec l’interventi­on militaire en Syrie en 2015 en soutien aux forces de Bachar al-Assad.

«Un vrai leader national»

Vladimir Poutine «a toujours fait tout son possible pour protéger les gens et le pays pendant les moments les plus durs», souligne le président de la Douma (chambre basse du Parlement), Viatchesla­v Volodine.

«C’est un vrai leader national et les gens le respectent beaucoup», assure la présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute), Valentina Matvienko.

« La société aujourd’hui est pour que Vladimir Poutine reste président», lui fait écho Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’URSS.

«Je suis toujours avec vous», a répondu plus tôt dans la journée le président Poutine à un bénévole qui l’interrogea­it, lors d’un forum à Moscou, pour savoir s’il «serait toujours» avec les Russes l’année prochaine.

«La motivation [pour se représente­r à la présidenti­elle] doit venir uniquement de la volonté de rendre la vie meilleure dans ce pays, de le rendre plus puissant, mieux protégé », a estimé M. Poutine lors de ce forum qui a réuni des milliers de jeunes Russes de diverses ONG.

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui entend défier M. Poutine lors du scrutin dans quatre mois, a pour sa part réagi sur Twitter en ironisant sur la longévité politique du président russe qui va battre, en cas de sa réélection quasi-assurée, le record de Léonid Brejnev, au pouvoir en URSS de 1964 à 1982: «À mon avis, c’est beaucoup. Je propose de nous y opposer.»

À la présidenti­elle, M. Poutine devrait affronter les traditionn­els candidats du Parti communiste et des nationalis­tes du LDPR, ainsi que la vedette de télévision proche de l’opposition Ksenia Sobtchak.

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