Andrew Scheer et Israël
En 2014, au sein d’Études internationales, l’universitaire Frédéric Boily a décelé des motifs idéologiques, religieux et électoralistes derrière l’appui maintes fois réitéré de Stephen Harper envers l’État israélien. La première dimension est éclairante. Sa défense indéfectible d’Israël, point d’ancrage des valeurs occidentales au MoyenOrient, aurait visé à neutraliser l’épée de Damoclès menaçant l’État juif, soit le terrorisme islamiste, perçu comme un totalitarisme moderne, et l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme. En construisant sa rhétorique pro-israélienne autour d’impératifs moraux, Stephen Harper a marqué son approche d’une teinte néoconservatrice, générant une scission discursive entre sa gestion du dossier israélien et celle de la plupart de ses prédécesseurs. Le président Trump ayant récemment avalisé le Jerusalem Embassy Act, l’enjeu israélo-palestinien se pose aux dirigeants canadiens avec une acuité nouvelle. Cela demeure vrai pour les conservateurs en raison de la partialité de M. Harper concernant ce dossier, d’autant qu’Andrew Scheer a jusqu’à présent soigneusement évité de se prononcer de vive voix quant au statut de Jérusalem. Ce dernier optera-t-il pour les traces de son ancien chef ou élabora-t-il une politique étrangère imprégnée du sceau de la modération? L’électorat est en droit de savoir.
Gabriel Poirier Val-d’Or, le 10 décembre 2017