Le Devoir

La droite française fait peau neuve

Laurent Wauquiez a remporté dès le premier tour la présidence du parti Les Républicai­ns

- JACQUES KLOPP à Paris

Le clivant et ambitieux Laurent Wauquiez a été élu dimanche à la tête de la droite française, qui cherche à se reconstrui­re après son double fiasco électoral face à Emmanuel Macron.

L’ancien ministre de 42 ans l’a emporté dès le premier tour pour succéder à Nicolas Sarkozy, dernier président en date du parti Les Républicai­ns (LR).

Deux tours de scrutin étaient prévus pour départager les trois candidats en lice, mais Laurent Wauquiez a écrasé la concurrenc­e en recueillan­t 74,64% des voix des militants du parti, contre 16,11% pour Florence Portelli et 9,25% pour Maël de Calan.

Ce plébiscite intervient alors que le paysage politique français est chamboulé depuis la spectacula­ire ascension d’Emmanuel Macron, 39 ans, porté à la présidence par un mouvement centriste qu’il a créé de toutes pièces.

«Ce soir, c’est le début d’une nouvelle ère pour la droite», a réagi le nouveau patron qui se veut le champion des classes moyennes et le pourfendeu­r du «gaspillage de l’argent public ».

Habitué des formules-chocs, Laurent Wauquiez est estimé des militants LR pour son positionne­ment clair à droite, mais qui fait dire à ses adversaire­s qu’il «court après» le Front national (FN), parti d’extrême droite historique en France, lui aussi en pleine reconstruc­tion. «Des affabulati­ons», affirme l’intéressé.

L’ancien ministre, dont personne ne doute de l’ambition d’être le leader de la droite pour la prochaine élection présidenti­elle en 2022, a assuré dimanche soir qu’avec lui, la droite était « de retour ».

Mais elle part de très loin, toujours traumatisé­e après le fiasco de son éliminatio­n du premier tour de la présidenti­elle en avril, pire défaite jamais enregistré­e depuis 1958, doublée d’une déroute cuisante aux législativ­es quelques semaines plus tard.

« Ultra-droite »

Laurent Wauquiez promet aussi de «rassembler», même si sa grande fermeté sur les questions d’autorité, de sécurité et d’immigratio­n peut susciter le malaise jusqu’au sein de son propre camp.

Jean-Christophe Lagarde, le président du parti de centre droit UDI, traditionn­el partenaire de LR, a ainsi annoncé qu’en cas de victoire de M. Wauquiez, LR s’enfermerai­t «dans l’ultra-droite» et qu’il n’y aurait « plus d’alliance» électorale entre les deux partis.

«Il faut reconstrui­re la droite, nous sommes au début d’une renaissanc­e», a répondu M. Wauquiez, réputé très brillant, bardé de diplômes et qui avait été élu député à seulement 29 ans en 2004.

Il a été plusieurs fois ministre, et est actuelleme­nt président de la région AuvergneRh­ône-Alpes, au coeur de la France, installé à Lyon, la ville natale du politicien.

Parmi ses priorités, il a cité «le travail, la liberté, la transmissi­on, le respect, l’autorité et l’amour de la France», dénonçant au passage le « manque de fermeté face à l’intégrisme islamiste » d’Emmanuel Macron.

La participat­ion des militants au scrutin de dimanche était de 99 597 votants, un chiffre correspond­ant à tout près de 43% des 234 556 adhérents des Républicai­ns.

«Ce soir, c’est le début d’une nouvelle ère pour la droite Laurent Wauquiez, lors de l’annonce de sa victoire

 ?? JEFF PACHOUD AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Laurent Wauquiez (à droite) jouissait de l’appui de l’ex-président français et dernier chef en date de la formation, Nicolas Sarkozy.
JEFF PACHOUD AGENCE FRANCE-PRESSE Laurent Wauquiez (à droite) jouissait de l’appui de l’ex-président français et dernier chef en date de la formation, Nicolas Sarkozy.

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