Le Devoir

Ottawa aurait contrevenu à la loi pour écarter le chantier naval Davie

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

Un éminent juriste pourfend la stratégie de constructi­on navale du gouverneme­nt fédéral. André Joli-Coeur — ex-amicus curiae de la Cour suprême qui a défendu la thèse souveraini­ste dans le cadre du renvoi sur la sécession du Québec — soutient qu’Ottawa n’a pas respecté la Loi sur la concurrenc­e, qu’il a violé la Constituti­on et qu’il a inclus certaines conditions dans son appel d’offres pour écarter le chantier maritime Davie.

La Fondation Chefs d’entreprise, qui donne son appui au chantier situé à Lévis, a dévoilé lundi un avis juridique dans lequel Me Joli-Coeur propose trois possibilit­és de recours légaux. Il estime que le gouverneme­nt fédéral a contrevenu à la Loi sur la concurrenc­e parce qu’il n’a pas résisté aux pressions des chantiers maritimes Irving de Halifax et Seaspan de Vancouver. Ceux-ci ont refusé d’accorder une prolongati­on de trois mois à Davie pour lui permettre de répondre adéquateme­nt, en 2011, à l’appel d’offres pour la stratégie de constructi­on navale. Cet appel d’offres avait été lancé alors que l’entreprise était en pleine restructur­ation. Davie a finalement obtenu 15 jours supplément­aires.

Ce refus d’accorder un délai raisonnabl­e «a pour effet direct d’amoindrir la prospérité du Québec et de ses travailleu­rs», ce qui irait à l’encontre de l’article 36 de la Loi constituti­onnelle de 1982. En vertu de cet article, le gouverneme­nt et les provinces s’engagent à «favoriser le développem­ent économique pour réduire l’inégalité des chances». Me Joli-Coeur soutient également qu’il y a «apparence de discrimina­tion à l’égard des Québécois» dans l’octroi des contrats. Il ajoute qu’Irving et Seaspan n’ont pas respecté l’une des conditions de l’appel d’offres en recourant à des subvention­s pour mettre leurs chantiers à niveau. L’appel d’offres accordait 20 points sur 100 au fait de n’avoir recours à aucune subvention gouverneme­ntale.

Le chantier naval Davie doit livrer le navire de ravitaille­ment Astérix au gouverneme­nt cette semaine. Il espérait un contrat pour un deuxième navire de ravitaille­ment, l’Obélix, mais le gouverneme­nt fédéral a fermé la porte à la fin du mois de novembre. Quelque 400 travailleu­rs de Davie ont déjà été mis à pied au cours des dernières semaines. Et 400 autres pourraient se retrouver au chômage d’ici la fin de l’année.

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