L’école, lieu privilégié de dépistage et d’intervention en santé mentale
Àla suite du visionnement du documentaire Bye, paru dernièrement à la télévision et sur le Web, il m’a semblé nécessaire d’ajouter un intervenant supplémentaire pour le dépistage et le soutien des adolescents (et leurs proches) aux prises avec l’apparition de troubles de santé mentale : l’école.
En effet, l’idée qu’elle est le lieu privilégié pour l’intervention, même psychosociale et familiale, auprès des enfants et adolescents n’est absolument pas nouvelle ou saugrenue. De nombreux penseurs en psychologie et en psychiatrie ont bâti, à travers le temps, des ressources qui allient les différentes professions autour d’un seul objet: l’enfant. Mais surtout, tous ont fait le postulat à un moment ou un autre que l’école est en tout point l’endroit idéal pour ancrer ce déploiement de soins pour les enfants et leurs familles.
À l’heure actuelle, cette fonction «pluriprofessionnelle» de l’école est néanmoins déjà assumée par ses intervenants, mais elle repose essentiellement sur les enseignants et la poignée de professionnels engagés par les commissions scolaires pour soutenir les missions exclusives de l’école.
Cela veut dire que, lorsqu’un élève est aux prises avec des problèmes psychosociaux ou de santé mentale, les professionnels de l’école qui ont participé au dépistage et à l’identification de ses besoins doivent le diriger vers les services sociaux et de santé appropriés afin qu’il y reçoive les suivis ou les soins requis. Cela semble beau en théorie, mais en pratique, une part importante de ces suivis n’est pas faite et nombre d’enfants ne recevront jamais l’aide dont ils ont besoin dans un délai acceptable. Cette réalité a été magnifiquement bien illustrée par plusieurs témoignages du très à propos documentaire Bye.
Or, les causes de ce cafouillage ne sont certainement pas le manque de dévouement et de professionnalisme des différents acteurs dans la suite des services à l’enfance, mais plutôt les différences entre chaque structure qui accueille la démarche d’aide — la DPJ, les commissions scolaires, les CLSC, les hôpitaux et autres centres de soins de santé.
Car chacune exige des parents les mêmes démarches d’analyse et d’évaluation de cas, menant inévitablement à une redite toxique pour toute situation de crise familiale. De plus, toute structure étant dirigée par des professionnels bien spécifiques (santé/médecins, éducation/enseignants, DPJ/travailleurs sociaux et centres jeunesse/psychoéducateurs), des cultures institutionnelles différentes se développent, à travers lesquelles les parents doivent apprendre à se frayer un chemin pour obtenir l’aide appropriée.
Je réitère donc aujourd’hui le souhait, maintes fois répété, d’abolir les barrières qui perdurent entre les différentes organisations oeuvrant auprès des enfants et des adolescents au Québec, et d’ancrer au sein de l’école les démarches de prévention, de dépistage et d’intervention par rapport aux problèmes de santé mentale. Cela passe d’abord par la bonification des services de première ligne en milieu scolaire, en impliquant enfin au sein de leurs équipes les intervenants des autres réseaux (médecins, travailleuses sociales, infirmières, psychoéducatrices, psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes, etc.). Mais cela passe également par l’élargissement des ornières de l’école publique, qui se doit d’être un lieu d’apprentissage et de développement sain, mais également un lieu où on trouve de l’aide et du soutien lorsqu’on se sent moins bien.
Je réitère le souhait d’abolir des barrières qui perdurent entre les différentes organisations oeuvrant auprès des enfants et des adolescents au Québec