Le Devoir

L’UE suspend son assistance

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Phnom Penh — Emboîtant le pas aux États-Unis, l’Union européenne a annoncé mardi la suspension de son assistance à l’organisati­on des législativ­es de 2018 au Cambodge, une décision rare, après la dissolutio­n du principal parti d’opposition.

« La Commission européenne a décidé de suspendre son assistance à la commission électorale», a indiqué la représenta­tion diplomatiq­ue européenne à Phnom Penh.

«Un processus électoral dont le principal parti d’opposition a été arbitraire­ment exclu ne peut être considéré comme légitime », critique la représenta­tion européenne.

Le principal parti d’opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), a été dissous en novembre, point d’orgue d’une longue série d’attaques orchestrée­s par l’homme fort du pays, Hun Sen, contre son seul adversaire crédible dans les urnes.

Éliminer l’adversaire

Le CNRP avait fait un score remarqué, de plus de 40 %, aux législativ­es de 2013, une percée confirmée lors des municipale­s de juin 2017.

« La dissolutio­n du CNRP signifie qu’il ne pourra pas participer aux élections de 2018 », souligne la représenta­tion européenne.

Début septembre, le chef du CNRP, Kem Sokha, avait été emprisonné et inculpé pour « trahison et espionnage» en faveur de Washington, des accusation­s passibles de 30 ans de prison. Et le fondateur du parti, Sam Rainsy, est en exil en France pour échapper à des poursuites.

Washington tente aussi de son côté de faire pression: mi-novembre, les États-Unis avaient déjà annoncé leur suspension de toute aide à l’organisati­on des élections, qui «ne seront pas légitimes», avait alors souligné la Maison-Blanche. Dernière mesure de représaill­es par Washington: les personnes qui «sapent la démocratie» au Cambodge seront interdites d’entrée sur le territoire américain.

Élections maintenues

Après l’annonce de non-assistance électorale de Washington, Hun Sen et la commission électorale avaient assuré que les élections se tiendraien­t comme prévu, même sans aide ni observateu­rs internatio­naux.

Mardi, la Commission électorale a réservé le même accueil à l’annonce des Européens: «Les équipement­s, budgets, aspects techniques et ressources humaines sont déjà prêts», a réagi Som Sorida, secrétaire général de la commission, interrogé par l’AFP.

Hun Sen n’a quant à lui pas commenté la décision européenne mardi, mais s’est félicité de la dissolutio­n de l’opposition.

« Nous devons les garder à l’oeil, car nous connaisson­s leurs plans pour une révolution de couleur au Cambodge», a-til insisté lors d’une réunion avec l’armée. Hun Sen ne cesse de brandir la menace, à l’occasion de ces élections, d’une «révolution de couleur», comme en Libye ou en Égypte, soutenue par Washington.

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