Le Devoir

Retour au camp de base

Rite de passage plonge nos maux modernes dans la sagesse autochtone

- LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY

Il y a beaucoup de beauté dans ce délicat Rite de passage, qui raconte l’immersion de deux non-autochtone­s en quête de repères, Vincent et Youmé, dans le mode de vie traditionn­el des Premières Nations. Du temps volé aussi, et beaucoup de sensibilit­é, qui donnent à ce documentai­re de la boîte de production autochtone Kassiwi Média une authentici­té presque balsamique.

À la proue de ce fragile esquif, l’écrivaine et comédienne Natasha Kanape Fontaine agit comme un relais bienveilla­nt entre la ville, si exaltée et presque anxiogène, et la réserve attikamek de Wemotaci, au nord de La Tuque, si calme sous ses atours d’un autre temps. Sous la supervisio­n des guides Mary et Jacques, qui ont connu les mêmes tourments en d’autres époques, Vincent et Youmé vont consacrer toute une semaine à affronter les maux modernes qui les rongent: l’alcool et les drogues.

Attentive, la caméra les suit avec discrétion dans cette rencontre qui impose son temps, très lent, et ses codes, très lousses. Car on est ici à des lieues du carcan des clichés habituels. Pas de choc culturel, pas de

clash des idées dans ce retour au camp de base ; on reste dans l’accueil, dans l’échange et dans le partage. Touchant sans être gnangnan, Rite de

passage ouvre des horizons peu fréquentés par nos documentai­res plus naturellem­ent tournés sur les maux des réserves que sur leurs forces. Il est de surcroît porté par des images magnifique­s, sans autres artifices que les beautés naturelles de Wemotaci et de ses alentours, quand le feu de l’automne les embrase. Salutaire et lumineux.

Rite de passage

Mardi, Radio-Canada, 21h

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