Le Devoir

Bulletin ministérie­l à Ottawa

- KONRAD YAKABUSKI

Dans un gouverneme­nt aussi obsédé par l’image, la ministre des Services aux Autochtone­s, Jane Philpott, se démarque par son style sans artifice, par son sérieux et par les résultats qu’elle obtient. Après avoir réglé l’épineux dossier des transferts aux provinces pour la santé, Mme Philpott s’attaque maintenant à l’améliorati­on des conditions de vie dans les réserves autochtone­s avec une authentiqu­e déterminat­ion à résoudre des problèmes qui durent depuis trop longtemps. A+

Sérieuse comme Mme Philpott, la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a bien géré les attentes précoces concernant la nomination d’un juge autochtone à la Cour suprême et le choix d’un nouveau juge en chef du plus haut tribunal provenant du Québec. Mais les délais dans les nomination­s judiciaire­s en général et la pagaille que sème l’arrêt Jordan dans les procédures criminelle­s entachent un bilan autrement positif. B+

Mener la charge du gouverneme­nt Trudeau contre le changement climatique sans braquer les provinces et les contribuab­les contre elle avec sa taxe nationale sur le carbone n’est pas une tâche facile. La ministre de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, réussit jusqu’ici ce défi. Mais après deux ans en poste, elle n’a toujours pas dévoilé un plan réaliste pour que le Canada atteigne ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre. B

La chouchoute des journalist­es d’ici et d’ailleurs — elle a signé un papier dernièreme­nt dans The Economist —, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, est le porteétend­ard du programme commercial dit progressis­te du gouverneme­nt Trudeau. Mais malgré ses discours engagés, elle demeure très conservatr­ice et convention­nelle dans son approche. Son refus jusqu’ici d’arrêter la vente des véhicules blindés canadiens à l’Arabie saoudite en témoigne. B–

Que Bill Morneau soit toujours en fonction malgré l’acharnemen­t avec lequel l’opposition s’attaque à sa crédibilit­é et à son intégrité depuis trois mois témoigne en partie de la difficulté qu’aurait le premier ministre à lui trouver un remplaceme­nt au sein de son propre caucus. Mais le ministre des Finances demeure un fardeau pour le gouverneme­nt alors qu’il devrait être un atout. Tôt ou tard, Justin Trudeau aura à faire l’inévitable et à le muter à d’autres fonctions. C

Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, s’est retrouvé dans une position affaiblie depuis qu’il a dû offrir des excuses pour s’être vanté de ses exploits militaires en Afghanista­n en 2006. Dans les cercles militaires, son interventi­on fut perçue comme étant de très mauvais goût. Sa gestion des dossiers de l’achat de nouveaux avions de chasse et de la participat­ion du Canada à des opérations de maintien de la paix n’a rien fait depuis pour le sortir du purgatoire où il se trouve. C–

Ça va de mal en pis pour la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. L’esquisse d’une politique culturelle qu’elle a dévoilée en septembre fut un navet gigantesqu­e et sa défense aussi boiteuse que robotique de son entente volontaire avec Netflix sera assurément tournée en ridicule dans l’édition 2017 du Bye

bye à Radio-Canada. Avec autant d’amateurism­e, on voit mal comment elle pourra piloter la révision des lois sur la radiodiffu­sion et sur le droit d’auteur. D

Un gros ménage s’impose à l’Agence du revenu du Canada et Diane Lebouthill­ier n’est manifestem­ent pas la femme de la situation. Elle blâme ses fonctionna­ires pour les directives voulant taxer les escomptes des employés et priver les personnes diabétique­s des crédits d’impôt. Puis elle défend les employés du centre d’appels de l’ARC pour avoir induit des contribuab­les en erreur. Sa déclaratio­n fautive selon laquelle l’ARC avait récupéré 25 milliards de dollars en luttant contre l’évasion fiscale en dit long sur sa difficulté avec les chiffres. E

Les dénonciati­ons multiples quant au comporteme­nt en privé du ministre des Sports et des Personnes handicapée­s, Kent Hehr, démontrent que ce dernier n’a pas le tempéramen­t pour mener un ministère qui doit être à l’écoute des gens vivant avec un handicap. Il semble au contraire avoir du mépris pour leurs « histoires larmoyante­s ». F

Si les médias étrangers ne se sont pas complèteme­nt lassés de Justin Trudeau depuis son entrée en scène internatio­nale en 2015, le premier ministre ne peut plus compter sur les bouquets ramassés ailleurs pour redorer son blason chez lui. À la différence du président français, Emmanuel Macron, qui établit son leadership internatio­nal avec aplomb, M. Trudeau souffrira longtemps des conséquenc­es de sa volte-face lors des discussion­s sur le Partenaria­t transpacif­ique au Vietnam en novembre et de sa visite désastreus­e en Chine ce mois-ci. Espérons qu’il profitera de la présidence du G7 en 2018 pour faire plus que des séances de photos. B

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